Les pourparlers entre Moscou et Kiev ont repris jeudi, à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, au huitième jour de l'opération militaire russe en Ukraine, sur fond d'appels à la cessation des combats. Un premier round de pourparlers a eu lieu lundi à la frontière ukraino-bélarusse, dans la région de Gomel. Les négociateurs des deux parties s'étaient retirés pour "consultations" dans leur capitales respectives. Les pourparlers de jeudi se déroulent alors que l'armée russe a affirmé la veille avoir pris le contrôle de la ville portuaire ukrainienne de Kherson, située dans le sud du pays. L'armée russe a également pris le contrôle d'un autre port clé de l'Ukraine, celui de Berdiansk. Les forces russes ont en outre débarqué à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d'Ukraine, dans la nuit de mardi à mercredi. Des combats ont été signalés dans cette ville de 1,4 million d'habitants proche de la frontière avec la Russie et qui a déjà été ciblée mardi par plusieurs bombardements. Dans ce contexte, une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Otan a été convoquée en "présentiel" vendredi au siège de l'Alliance à Bruxelles pour permettre aux ministres d'échanger sur la situation en Ukraine et le renforcement des défenses de l'Alliance en Europe de l'est. L'Otan a adopté jeudi dernier ses plans de défense et a activé pour la première fois sa force de réaction rapide dont des éléments vont rejoindre les milliers de militaires de l'Alliance déployés dans les pays de l'Est. Guterres appelle à la cessation "immédiate" des combats Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé la Russie et l'Ukraine (à l'issue du vote par l'Assemblée générale de l'ONU mercredi de la résolution sur l'Ukraine) à mettre "immédiatement" fin aux combats et à privilégier la voie du dialogue et de la diplomatie. M. Guterres s'est, en outre, dit "profondément préoccupé" par les conséquences potentielles de ce conflit sur la paix et la sécurité régionales et internationales, alors que le monde tente toujours de se remettre de la pandémie de Covid-19. Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé que les dirigeants occidentaux pensaient à une guerre nucléaire dans leur conflit avec la Russie. "Tout le monde sait qu'une troisième guerre mondiale ne peut être que nucléaire, mais j'attire votre attention sur le fait que c'est dans l'esprit des politiques occidentaux, pas dans celui des Russes", a-t-il dit. La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a, elle, mis en garde la communauté internationale contre la menace nucléaire qui pèse sur "l'ensemble de l'humanité". Moscou prête à organiser des couloirs humanitaires Selon le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, un million de réfugiés ont fui l'Ukraine à destination des pays voisins depuis le début du conflit. Dans ce contexte, la partie russe a indiqué qu'elle était "disposée à organiser des couloirs humanitaires pour que les civils ukrainiens puissent quitter la zone de son opération spéciale", selon le chef du Centre national de gestion de la défense, Mikhaïl Mizintsev. "La partie russe a créé toutes les conditions nécessaires pour l'évacuation en toute sécurité. Nous sommes prêts à mettre en place des couloirs humanitaires à tout moment et sur toutes les directions", a assuré l'officier. Il a d'ailleurs invité le ministère des Affaires étrangères à intensifier son travail "sur toutes les plateformes internationales" pour "exercer une influence" sur les autorités de Kiev à cet égard. Selon lui, les forces russes ont déjà évacué plus de 142.500 personnes de la zone de combats, dont près de 40.000 enfants et environ 600 ressortissants étrangers résidant à Kiev, Marioupol et Kharkov. Le 24 février à l'aube, la Russie a lancé une opération militaire en Ukraine. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine a éclaté dans un contexte de tensions croissantes avec les Occidentaux. La Russie, qui estime faire face à une menace "sérieuse" et "très grande" en Ukraine, réclame la fin de la politique d'expansion de l'Otan et le retrait des forces américaines stationnées en Europe de l'Est, des demandes rejetées par les Occidentaux.