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Evénements du 11 mars 1958 à Bougaâ (Sétif), un crime abject gravé dans la mémoire collective
Publié dans Algérie Presse Service le 11 - 03 - 2022

Les participants au séminaire national fondateur ''Bougaâ et son espace historique et civilisationnel : massacre du 11 mars 1958 à Bougaâ, une mémoire refusant l'oubli'', organisé vendredi au centre culturel Rabah Bitat de la ville de Bougaâ (nord de Sétif), ont indiqué que ce qui a été commis par les forces du colonisateur français contre les habitants de cette région le 11 mars 1958 constitue ''un crime abject qui restera gravé dans la mémoire collective''.
Le raid colonial perpétré par le colonisateur français dans la région du nord de Sétif, à l'époque sous l'autorité du colonel De Sevelinge, était le ''plus grand raid que les habitants de la région de Bougaâ ont connu dans l'histoire de leur village'', a précisé Fatima Bouhani, professeur à la faculté des sciences de l'information et de la communication à l'université Alger-3 et également présidente du séminaire.
''Ce raid a duré une semaine entière durant laquelle les habitants de Bougaâ ont vécu toutes les formes de torture et de répression après avoir conduit 2.500 personnes parmi les habitants de la région dans le stade du village, entouré de barbelé, où ils ont été emprisonnés et frappés'', a ajouté Mme. Bouhani.
L'écrivain et historien de la région, Saâd Taklit a indiqué que les massacres du 11 mars 1958 de Bougaâ ont été marqués par l'assassinat de 9 personnalités qui activaient avec les réseaux de soutien au Front de Libération nationale (FLN), dont son père le chahid Tayeb Taklit et son compagnon Said Alouani, ajoutant que les ''évènements de Bougaâ ont duré du 6 mars au 12 mars, une période durant laquelle les civils de cette région montagneuse avaient subi les pires tortures''.
''Je n'avais pas plus de 10 ans à l'époque, mais je me souviens encore d'une bombe qui avait explosé aux environs de 6h du matin dans la localité de Benaraar, où se trouvait notre maison et comment mon père avait été conduit et emprisonné dans de terribles conditions jusqu'à son exécution par balles avec ses compagnons de combat le 11 mars 1958 sur le pont métallique dans la région de Boufferoudj'', a indiqué le même intervenant.
M.Taklit a insisté, en ce sens, sur l'importance de faire des recherches approfondies et mettre en lumière notre histoire, de la véhiculer et de l'ancrer chez les futures générations, et ce en collaboration avec tous les intervenants notamment les chercheurs et les spécialistes dans ce domaine.
Il a mis l'accent également sur ''l'importance d'intensifier ce genre d'initiatives et de rechercher des témoignages auprès de personnes qui ont vécu ces évènements'', d'autant que, dit-il, ''peu d'entre eux seulement sont toujours en vie''.
Dans ce cadre, le professeur Oum Keltoum Benarab du département d'histoire de l'université Sétif-2 a mis en avant l'importance de ''constituer une équipe de recherche s'intéressant à l'histoire locale et donner à la recherche en histoire tout le temps et les moyens pour sortir un projet local complet, à condition qu'il soit réalisé par des compétences nationales pour la fondation d'une mémoire locale''.
Elle a proposé, en outre, la création d'un Institut d'histoire dans la localité de Bougaâ en collaboration avec les chercheurs et les spécialistes en la matière, en vue de préparer une base de données historiques, en plus de la réhabilitation de certains centres de détention oubliés, à l'instar du centre de détention de ''Ain Meddah''.
Ce séminaire a été organisé à l'initiative de l'association humanitaire ''Tajmi'' et s'inscrit dans le cadre de la préservation des acquis de la guerre de libération nationale et ses batailles glorieuses, et vise également à faire connaître la région, son histoire et sa culture en plus de l'écriture de l'histoire de la région et la recherche de sources écrites ou orales, a-t-on souligné.
Ont assisté aux travaux de ce séminaire des enseignants et des chercheurs spécialisés de plusieurs universités du pays à l'instar de Sétif, Batna, Jijel, Alger et Sidi Bel Abbès, en plus de la présence d'invités d'honneur notamment Mohamed Salah Ait Aldjet qui représentait son père, Cheikh Tahar Ait Aldjet, qui a mis en avant dans son allocution ''l'importance de ce genre de manifestation dans la consécration de la mémoire collective'', ainsi que le président du ''Laboratoire des études dans la pensée islamique'' de l'université de Sidi Bel Abbès, Mohamed Mekahli.


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