Un coup dur pour l'armée française qui déclenchera dès le lendemain, d'impitoyables représailles. Le 6 mars 1958, soit deux jours après l'embuscade qui fera date, Bougaâ sera soumise à la plus grande rafle que la cité ait connue dans son histoire. «Mettre la main sur les moussabeline de la ville» est l'objectif de l'armée colonial. Pour atteindre un tel but, on utilise les gros moyens. Notamment pour mettre la main sur le cerveau de la cellule locale, Tayeb Taklit, l'ennemi numéro un des militaires français, pour lesquels tous les moyens sont bons. Ces derniers balancent à travers la bouche d'aération de la cheminée une puissante grenade qui souffle une partie de la maison des Taklit. Cette intrusion effraie les enfants et les parents de Tayeb qui se rhabille à la hâte. D'une voix ferme, il crie : «Bande de salauds ! Qu'est ce qu'ils vous ont fait les enfants ? Pourquoi vous vous en prenez à eux ? Si c'est moi que vous cherchez, je suis là, devant-vous, allez-y tirez !» Avant de franchir fièrement la porte, les mains menottées, il demanda son bournus de laine. Cinq jours après, le 11 mars 1958, il sera fusillé, avec sept autres preux, sur le pont métallique qui relie les deux rives de l'oued Bousselam, au lieudit Bou Farroudj. Au lendemain des exécutions, les habitants de Bou Farroudj découvriront les corps criblés de balles dans l'eau glacée de l'oued. Certains, emportés par le courant, ont été repêchés à plus d'une centaine de mètres en aval du pont. Les corps des huis martyrs seront enterrés dans une fosse commune. Ils ne seront déterrés qu'au début du mois de septembre 1962. Allouani Lakhdar, Debihi Djelloul, Attoui Mohamed, Daoud Lamri, Tarchoune, Benaddad Abdelkader, Belhocine Lakhar et Taklit Tayeb, reposent depuis au carré des Martyrs du cimetière de Dar Echeurfa, témoin de l'héroïsme des meilleurs enfants de cette fertile et généreuse terre.