Des experts en matière d'énergie de plusieurs universités nationales ont affirmé que le 7e Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), prévu à Alger en fin de semaine, reflétait l'importance et la place de leader qu'occupe l'Algérie dans l'industrie gazière et l'exportation de cette énergie à l'échelle mondiale, à même de réaliser des résultats positifs sur différents plans. Dans des déclarations à l'APS, les experts ont souligné que l'importance de ce sommet réside dans sa tenue dans un contexte international marqué par des mutations géopolitiques ayant augmenté la demande sur le gaz, dont la crise en Ukraine et les agressions contre Ghaza, ce qui fait que la restructuration du marché gazier mondial et la garantie de sa stabilité via la création d'un équilibre entre les pays producteurs et consommateurs, figurent parmi les enjeux majeurs du Sommet d'Alger. A l'unanimité, les experts ont estimé que la réunion des grands producteurs de gaz renforcerait la place de ce Forum pour l'ériger en plateforme mondiale de dialogue, de concertation et de coordination entre les pays producteurs et consommateurs et ouvrirait de larges perspectives de coopération dans la recherche et la technologie en matière de gaz naturel, mais aussi l'élargissement du rôle de cette ressource vitale dans la réalisation de la sécurité énergétique. L'experte de la Faculté des hydrocarbures et de chimie à l'université de Boumerdes, Saida Yasbaa, considère que le Sommet d'Alger "sera le plus grand espace mondial d'échange d'idées et d'expériences dans nombre de domaines, à l'instar de la stabilité du marché international, de la transmission de l'innovation technologique et du développement de la durabilité dans l'industrie gazière". Elle a ajouté que l'Algérie disposait d'"une place importante et de premier plan au niveau mondial" en matière de gaz naturel, étant "parmi les grands producteurs mondiaux et jouissant de grandes capacités d'exportation et de transport, à travers un réseau développé à la hauteur des contrats d'exportation conclus avec plusieurs pays". A son tour, l'expert en énergies renouvelables et en gaz, Professeur Abdeladhim Benseghir, recteur de la Faculté de Droit et des sciences politiques à l'Université de Boumerdes, a affirmé que l'Algérie "est un pays souverain dans ses décisions, qui a choisi l'impartialité vis-à-vis de plusieurs questions internationales, comparé à d'autres pays producteurs et exportateurs de gaz", d'où "la succès attendu de ce Sommet, au regard des relations internationales de l'Algérie et de sa bonne renommée au double plan régional et international, en sus de son rang élevé parmi les pays producteurs et consommateurs de gaz naturel". Quant au spécialiste en énergies renouvelables, Benyoucef Abdallah de l'Université de Tlemcen, il estime que le Sommet d'Alger "offrira une opportunité précieuse à même de contribuer à déterminer les stratégies les plus efficientes" pour ce qui est du gaz et des énergies renouvelables, soulignant que la question de production de l'hydrogène vert sera un parmi les sujets à débattre lors de ce sommet. Pour sa part, Rachid Henaoui, du laboratoire de recherche en sciences économiques à l'Université Aboubakr Belkaid (Tlemcen), a souligné que "le gaz constitue la ressource principale pour le développement global et durable, et joue un rôle majeur dans la transition énergétique", s'attendant à ce que le Sommet apporte du nouveau en ce qui concerne le développement des technologies d'exploitation du gaz et son utilisation dans le domaine des énergies renouvelables +amies de l'environnement et non coûteuses". Quant à l'économiste Laala Ramdani, enseignant à l'Université Amar Telidji (Laghouat), il a indiqué que le Sommet "se veut événement international important reflétant l'importance du rôle prédominant de l'Algérie sur les marchés énergétiques mondiaux", d'autant que l'Algérie, a-t-il dit, "est le deuxième fournisseur de gaz vers l'Europe après la Norvège, avec 26 milliards de mètres cubes, suite à la crise ukrainienne qui a entraîné un recul des approvisionnements russes vers l'Europe de l'Ouest en particulier". De son côté, le chercheur en relations internationales à la même université, Ali Bekchiche, a souligné que le sommet est d'une grande importance, en ce qu'il contribue aux efforts du forum visant à créer une organisation similaire à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), et il s'agit là d'une opportunité pour soutenir la diplomatie énergétique, car le gaz "représente une carte politique d'une importance cruciale pour réaliser des objectifs politiques et économiques à court, moyen et long termes". De son côté, Dr Azaoui Abdelbasset, enseignant d'économie à l'Université Amenokal Hadj Moussa Ag Akhamouk (Tamanrasset), a affirmé que le Sommet sera une "véritable" opportunité pour instaurer une vision prospective sur la production et la commercialisation de gaz à l'horizon 2050, et que les décisions qui en découleront contribueront à multiplier les chances de générer des revenus significatifs au profit des pays exportateurs de gaz, tout en participant à créer une forte alliance entre eux pour imposer de nouvelles conditions sur le marché. Il a indiqué que l'Algérie, en tant que pôle stratégique sur les marchés gaziers, "peut jouer un rôle important dans le soutien aux pays exportateurs de gaz, d'autant qu'elle possède la dixième plus grande réserve mondiale de gaz et restera le principal fournisseur vers l'Europe", prévoyant "une progression de son classement à l'avenir sur la base de plusieurs indicateurs". Il a affirmé que le Sommet œuvrera également à renforcer la souveraineté des pays exportateurs sur leurs ressources, en sus de favoriser l'intégration et la coopération au titre d'une approche basée sur les principes de développement durable. Aussi, a-t-il souligné que le gazoduc transsaharien, au départ du Nigeria jusqu'à l'Algérie, contribuera à la promotion du marché gazier, en ce sens qu'il permettra de diversifier les approvisionnements de l'Europe, précisant qu'il s'agit "d'une réelle" opportunité de développement pour les trois pays africains qu'il traverse, en l'occurrence le Nigeria, le Niger et l'Algérie, vu les revenus prévisibles et les postes d'emploi devant être générés au profit d'une large catégorie de citoyens dans ces pays. Le Sommet "renforcera la place leader de l'Algérie et sa crédibilité parmi ses partenaires" dans le domaine du gaz", a estimé le doyen de la Faculté des sciences économiques et des sciences commerciales et de gestion de l'Université d'Oran- 2 "Mohamed Benahamed", Farouk Tcham, n'écartant pas l'éventualité de voir ce Sommet constituer "un nouveau point de départ ou de transformation pour le marché mondial du gaz qui sera régulé et organisé loin des pressions exercées par les grandes puissances". Pour le professeur à l'Université de Ouargla et économiste, Mohcene Benlahbib, le Sommet marque une étape importance dans la démarche des pays membres visant à s'orienter vers la stabilité du marché mondial du gaz et à garantir des approvisionnements réguliers en gaz naturel à des prix équitables, à la lumière des mutations et défis auxquels l'industrie gazière internationale fait face et la concurrence de nouveaux pays comme les Etats Unis d'Amérique sur les parts de marché. Il a ajouté que le gaz représentait près de 23% de la consommation énergétique mondiale globale, prévoyant une hausse de la demande de près de 25% à l'horizon 2040, sur fond de la transition vers des sources énergétiques plus propres.