Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a prononcé une allocution à Kampala (Ouganda) sur le thème "santé des mères, des nouveaux-nés et des enfants et développement en Afrique". Voici le texte intégral : "Monsieur le Président, Madame et Messieurs les chefs d'Etat et de gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs, Les objectifs 4 et 5 du Millénaire portant respectivement sur la santé des mères, des nouveaux-nés et des enfants sont ceux qui connaissent les progrès les plus lents, accusant un grand retard sur notre continent en particulier. Ainsi, s'agissant de la mortalité maternelle, l'on enregistre dans les pays développés 9 décès pour 100.000 naissances vivantes. Dans les pays en développement, l'on déplore 450 décès, dont 50 % en Afrique, pour 100.000 naissances vivantes. Cette situation a été rendue encore plus difficile par le renchérissement des produits alimentaires de base et l'impact de la crise économique mondiale. Cette crise économique et financière a durement affecté notre continent. C'est la première fois, depuis 1994, que le taux réel de croissance dans certaines régions a été inférieur à la croissance de la population, et le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 USD par jour a augmenté de plus de 10 millions de personnes en 2009. Beaucoup reste à faire pour rendre nos systèmes de santé plus accessibles et améliorer la qualité de leurs services. Le Groupe de travail de Haut niveau sur le financement international innovant pour les systèmes de santé a mis en exergue le besoin crucial de mobiliser 10 milliards USD additionnels par an pour la santé dans les pays pauvres dont la majorité est en Afrique. Les conclusions auxquelles est parvenu ce Groupe sont alarmantes et méritent que nous leur accordions une attention toute particulière. Il a été estimé que, sans ces financements additionnels, on peut s'attendre au décès de 4 millions d'enfants par an et de 780.000 décès d'adultes, y compris 322.000 décès de femmes durant leur accouchement. Les mesures prises en faveur de la santé, ces dernières années, aussi bien au niveau national que par le biais de l'aide au développement destinée au secteur de la santé ont participé à l'amélioration d'ensemble de l'état de la santé en Afrique. Il n'en demeure pas moins que, pour réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement, les efforts en faveur de la santé en Afrique requièrent d'importantes ressources additionnelles que de nombreux pays africains ne peuvent mobiliser sur le plan interne. A cet égard, je saisis cette opportunité pour dire toute mon appréciation pour l'initiative du Canada, endossée par le Sommet du G8, tenu à Muskoka, en juin 2010, à laquelle se sont joints d'autres partenaires, et qui vise à donner une nouvelle impulsion à la santé maternelle et infantile dans les pays en développement, en particulier en Afrique. En dépit de la reprise du rythme de croissance économique, il est peu probable que le continent africain puisse réaliser une croissance suffisamment soutenue, dépassant le rythme d'avant 2008, pour atteindre l'ensemble des Objectifs du millénaire pour le développement. Face à cette situation, de nouveaux efforts s'imposent pour surmonter les obstacles actuels : les partenaires au développement de l'Afrique doivent tenir leurs promesses et établir avec l'Afrique un véritable partenariat pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement. Cette exigence relève du devoir de solidarité, mais aussi des intérêts mutuels bien compris. A l'instar du consensus d'Ezulwini, pour la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, et de la Plate-forme d'Alger sur le nouveau régime climatique mondial post-2012, il nous appartient de définir une position commune qui constituera notre stratégie de plaidoyer lors du Sommet des Nations unies prévu à New York en septembre prochain. Outre son engagement, dès les années 1970, dans une politique de planning familial, fondée sur l'encouragement des accouchements en milieu assisté et la facilitation de l'accès aux moyens contraceptifs, l'Algérie a érigé la santé maternelle et infantile en priorité nationale. Les progrès enregistrés notamment dans la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile confirment la pertinence de ces choix et l'efficacité des mesures prises. La problématique de la santé maternelle, néonatale et infantile conditionne les efforts de développement dans nos pays car la santé, qui est un droit fondamental, relève, également, de l'investissement dans le développement économique productif. Oeuvrer à réduire la mortalité maternelle, infantile et néonatale, c'est aussi s'atteler à améliorer les facteurs déterminants de la santé à travers des politiques publiques de création d'emplois et d'investissement dans les infrastructures liées à la santé, l'amélioration des services de santé et le développement d'une politique de médicament. Toutes ces politiques et les stratégies requièrent des ressources adéquates et un partenariat renforcé avec les pays développés notamment.