Le débat électoral au Sénégal a refait surface avec un accent particulier sur la "recevabilité" de la candidature, pour la présidentielle de 2012, du président Abdoulaye Wade qui a, pour sa part, saisi la célébration de la fête de l'Aïd el-Fitr pour inviter l'opposition au dialogue en vue de "construire un pays de paix et de progrès". Issu du Parti démocratique sénégalais (PDS), l'actuel chef de l'Etat qui aura, en 2012, passé deux mandats à la tête du pays et atteint l'âge de 86 ans, avait explicitement annoncé en 2009 qu'il se présenterait pour une troisième fois en 2012. Cette nouvelle donne signifie, au cas où M. Wade gagne, qu'il quitterait la présidence à 91 ans, après un mandat de sept ans. Toutefois, le refus de l'opposition d'une telle candidature n'est pas motivé par une raison relative à l'âge mais plutôt par une "tentative de manipuler la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels". Dans ce contexte, les partisans du président Wade ont indiqué que l'opposition fait "une confusion à dessein" en essayant d'expliquer que la Constitution n'autorise pas le président Abdoulaye Wade à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Pour rappel, le président Wade, élu en 2000 pour sept ans, a été réélu en 2007 pour un deuxième mandat de cinq ans après un amendement de la constitution instituant un passage au quinquennat. Dans leur lecture les partis de l'opposition regroupés au sein de la coalition Benno Siggil Senegal (ensemble pour un Sénégal debout en langue wolof) expliquent que le président Abdoulaye Wade va boucler en 2012 ses deux mandats légaux, à savoir ceux de 2000-2007 et 2007-2012. Mais pour le PDS (au pouvoir), "le mandat exercé en 2001 devait être mené à terme" et n'entre donc pas en ligne de compte dans les autres magistères d'Abdoulaye Wade, élu en 2000 pour sept ans et réélu en 2007 pour cinq ans. Partant de cette conviction, le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, a récemment déclaré que "celui qui parle de droit, doit savoir que M. Wade peut se présenter encore sur la base de l'article 27 de la Constitution votée en janvier 2001 qui l'autorise à postuler pour une deuxième fois après avoir été élu en 2007". Lui emboîtant le pas, le ministre de la Communication, Moustapha Guirassy, porte-parole du gouvernement, a qualifié de "futile" le débat sur la recevabilité de la candidature de l'actuel président, assurant que "si l'on s'en tient à la loi, le chef de l'Etat peut parfaitement briguer un nouveau mandat en 2012". Le constat: si du côté des libéraux on s'organise pour "réélire le président Wade", du côté de l'opposition, on se mobilise pour "mettre fin au régime libéral et contribuer à la mise en place d'une bonne gouvernance vertueuse" au Sénégal. Ainsi, des plans d'action sont au programme des opposants qui comptent mener une campagne pour la "défense de la Constitution" et une "mobilisation contre une éventuelle suppression du scrutin à deux tours". Interrogé sur sa candidature, au terme de la prière de l'Aïd El-Fitr, le président Wade a répondu qu'il s'agit-là d'"un faux débat", lançant à la même occasion un appel au dialogue entre le pouvoir et l'opposition. "Il nous faut aménager un espace de dialogue où nous pourrions discuter, car nous voulons tous la même chose : le développement du Sénégal", a notamment dit le président Wade, soulignant la nécessité d'"échanger et de lever des équivoques pour le bien du pays".