La filière lait connaît depuis quelques années dans la wilaya de Batna une évolution notable, accélérée par la mise en œuvre de la politique du renouveau agricole et rural. La production de lait a atteint durant l'actuelle saison les 70 millions de litres contre 65 millions en 2009 et à peine 17 millions l'année précédente, selon les statistiques de la Direction des services agricoles (DSA). La wilaya de Batna a ainsi dépassé de 24 % les objectifs assignés au titre du contrat de performance et qui portaient sur 57 millions de litres, a affirmé le directeur du secteur, estimant à 8 % le taux de croissance durant l'année 2010. En 2009, ce taux avait classé Batna en tant que seconde wilaya du pays dans la filière lait, a relevé Mohamed-Lamine Grabsi en faisant part de la détermination de son secteur à "persévérer dans ses efforts et à maintenir cette position". Les statistiques de la DSA font état d'une progression des quantités de lait collectées qui ont cru pour atteindre 12 millions litres en 2009, puis 15 millions en 2010 contre seulement 4 millions litres durant les exercices précédents. Cet accroissement de la production a amené la laiterie publique locale "Aurès" à augmenter le taux d'intégration du lait cru dans sa production, tandis que deux nouvelles laiteries de secteur privé ont été ouvertes à Seriana (12.000 litres/jour) et à Batna (5.000 litres/jour). Rappelons dans ce contexte qu'un autre projet d'investissement privé pour la création d'un complexe laitier d'une capacité de 120.000 litres par jour a été dernièrement lancé dans la localité de Malal (commune de Seriana). Considérée désormais comme un pôle régional de la filière lait, la wilaya de Batna a récemment lancé des préparatifs en vue de la création d'une commission régionale interprofessionnelle qui regroupera les producteurs, les éleveurs, les collecteurs de lait et tous les acteurs concernées dans le cadre de la nouvelle stratégie nationale de promotion de la filière. Selon le DSA, l'installation de cette commission interviendra après la désignation des représentants des wilayas voisines et contribuera à l'action de la future commission interprofessionnelle nationale qui sera le porte-parole de la filière et le partenaire de l'ensemble des acteurs nationaux concernés. Les mécanismes de soutien mis en place par les pouvoirs publics ont été le moteur principal de cette évolution à travers, notamment, le développement des surfaces consacrées aux cultures fourragères, passées de 1.500 hectares en 2008 à 13.000 hectares en 2009. Selon M. Grabsi, la surface des fourrages secs a également augmenté, durant la même période, pour passer de 11.000 à 27.000 hectares. Un intérêt particulier a été également accordé par les services agricoles à l4insémination artificielle, faisant passer le nombre de vaches annuellement inséminées à 4.000 en 2009-2010 à 800 auparavant. Cette technique a eu un effet "décisif" dans l'amélioration des performances de la filière, a affirmé le même responsable, soulignant qu4une vache d4une espèce locale produit annuellement 500 litres alors qu'une vache hybride produit jusqu'à 5.000 litres par an. Les actions d'extension des étables, d'encouragement de l'hydraulique agricole et de soutien à l'amélioration génétique, alliées à l'accroissement des troupeaux, et à l'aide à la mécanisation des fermes laitières, ont également favorisé cette évolution, a assuré le DSA. La filière lait a également bénéficié de 25 % de l'enveloppe financière globale consacrée au secteur agricole durant ces dernières années, soit un total de 2 milliards de dinars, a indiqué M. Grabsi avant d'assurer que les efforts publics seront maintenus dans le cadre de la perspective de renforcement de la sécurité alimentaire du pays. En juin dernier, le ministre de l'Agriculture et du développement rural, Rachid Benaïssa, avait pris acte de cette évolution à l'occasion de l'inauguration de la 5e édition du salon de la vache laitière, dans la commune d'El Madher. Il avait notamment salué les efforts déployés localement au niveau des quatre bassins laitiers de Barika, de Seriana, d'El Madher et de Merouana, et a insisté sur "l'impérieuse nécessité de relever le défi de l'autosuffisance alimentaire".