La mise en valeur des terres doit être une priorité nationale pour les pays africains dans leur lutte contre la désertification, a estimé, jeudi à Alger, le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Luc Gnacadja, en visite depuis mardi en Algérie. La mise en valeur des terres est un "impératif pour l'Afrique" pour lutter contre la désertification, un phénomène qui touche 41% du Continent et 2 milliards de personnes dans le monde, a déclaré M. Gnacadja lors d'une conférence animée en présence de cadres du secteur agricole et de représentants du corps diplomatique. Le conférencier a plaidé pour une intégration de la mise en valeur des terres dans la politique publique de chaque pays africain touché par ce phénomène. Se référant à des études internationales sur le phénomène de la désertification, M. Gnacadja, a indiqué que l'aridité va entraîner une diminution de la productivité des sols de 15 à 50% d'ici 2050, alors que le cycle de germination des graines sera réduit de 20%, a-t-il averti. Selon lui, la mise en valeur des terres permet, non seulement d'assurer la sécurité alimentaire des populations, mais aussi de réduire la pauvreté. Il a plaidé, dans ce sens, pour l'orientation des investissements des pays africains vers les zones rurales arides où se trouve 50% du cheptel mondial. "Bien plus que celui effectué dans l'industrie, l'investissement dans la mise en valeur des terres permet de faire sortir plus de personnes de la pauvreté", a-t-il dit. L'expert onusien a regretté, par ailleurs, que les effets des changements climatiques prennent le dessus lors des négociations mondiales sur le climat, au détriment du phénomène de la désertification qui cause, selon lui, "plus de victimes directes que les changements climatiques". M. Gnacadja s'est dit espérer voir, le Sommet sur les changements climatiques, qui va se dérouler à Cancun en décembre prochain, aboutir à "un accord global et intégrateur, qui prendra en compte pleinement la gestion durable des terres, et ce, à cause de leur contribution à l'adaptation des populations aux changements climatiques et aussi au potentiel des sols à séquestrer le carbone". Entrée en vigueur en 1996, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, couvre les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches. Elle compte 194 pays membres dont l'Algérie qui préside le groupe Afrique pour la période 2009-2011. Le Comité de suivi de la mise en œuvre de la Convention se réunira en février à Genève, pour passer en revue les rapports des pays parties, qui seront élaborés pour la première fois, sur la base des indicateurs de performance dans la lutte contre la désertification, qui sont au nombre de 11 permettant de mesurer l'impact positif de la politique mise en place par chaque pays.