Les travaux de la 3e édition de la Conférence internationale World policy conference (WPC) dédiée à la gouvernance mondiale se déroulent depuis, samedi matin à Marrakech (335 Km de Rabat), en présence du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon et la participation de personnalités du monde politique, économique et d'experts internationaux. Dans son intervention à l'ouverture des travaux, Ban Ki-moon a souligné que la gouvernance mondiale doit permettre de faire face à une nouvelle génération de problèmes avec l'apparition de nouvelles puissances économiques et de nouvelles difficultés estimant qu'"aucun pays, aucun groupe de pays aussi puissant soit-il, ne peut affronter seul les grands défis de notre temps", puisque, note-t-il, les problèmes actuels transcendent les frontières. "Certains des anciens dispositifs et des anciennes structures n'ont pas évolué à mesure que l'interdépendance grandissait. Nous devons tout simplement trouver de meilleurs moyens de collaborer et de mettre en place des systèmes adaptés à notre époque, des systèmes qui répondent mieux à l'impératif de responsabilité, qui soient plus représentatifs et qui permettent de tirer parti de la force que nous avons collectivement en tant que communauté mondiale", a-t-il expliqué. Pour Ban Ki-Moon, la mondialisation ne pourrait pas perpétuer les inégalités du passé et le moment est venu de serrer les rangs et poser les bases nécessaires dans les différents domaines d'activité dans la perspective de réaliser des avancées réelles. Selon M. Ban, la gouvernance mondiale doit se mettre au service d'une économie mondiale qui fonctionne pour tous, non pas seulement pour une minorité favorisée. La gouvernance mondiale est trop importante pour être confiée à une seule organisation ou à un seul groupe. L'ONU, dont "les organes doivent être réformés", est l'instance appropriée où cette gouvernance peut le mieux se concrétiser, a-t-il dit, insistant sur l'obligation "de produire des résultats à temps et dans le respect du principe de responsabilité". Intervenant après le SG de l'ONU à la première session plénière sur le thème "Population, climat, santé: quelle gouvernance mondiale ?", des participants ont relevé l'interaction existant entre les évolutions démographiques, les changements climatiques et les enjeux de santé publique. Ils ont, dans ce sens, souligné l'importance de la mutualisation des efforts des organisations internationales, des laboratoires pharmaceutiques et des instituts de recherche, appelant à la promotion de la recherche scientifique pour subvenir aux besoins croissants de la population mondiale. En ce qui concerne les liens étroits entre l'environnement et la santé, les intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de l'éducation environnementale, appelant à la mise en place de fonds pour le financement de projets d'énergies propres. D'autre part, les participants à une session plénière sur "la gouvernance monétaire et financière mondiale" organisée dans le cadre de cette 3ème WPC, ont indiqué que la montée des dettes dans les pays riches engendre de nouveaux défis et plus de difficultés, rendant ainsi la croissance fragile. Ils ont ainsi insisté sur l'adoption immédiate de décisions pour freiner la spirale inflationniste et accentuer le chantier des réformes financières où des progrès substantiels ont été atteints mais reste sujet à des difficultés liées, entre autres, à la question des institutions financières (banques), aux équilibres globaux, à la situation de l'endettement et au manque d'équilibre des balances commerciales. Les conférenciers ont mis l'accent également sur le besoin de consolidation différenciée selon les pays et les régions en prenant en considération leurs spécificités, relevant, à titre d'exemple, que les taux de change mettent davantage de pression sur les pays émergents. Pour une meilleure gouvernance économique et financière mondiale, il est désormais indispensable de réformer les institutions comme le Fonds Monétaire International (FMI) pour assurer une plus large représentation, ont-ils estimé. Les participants ont souligné également l'impératif de redéfinir par consensus, au niveau mondial, le concept de capital commercial et de garantir la transition de la situation actuelle vers la situation du régime pécuniaire permanent. Pour sa part, le président de la Banque Centrale européenne, Jean- Claude Trichet, a rappelé que le système financier international a été marqué ces vingt dernières années, par des transformations structurelles considérables sous l'impulsion des nouvelles technologies, et l'imprévisibilité de l'économie mondiale ainsi que par la modification dramatique des systèmes notamment au niveau de la prise des décisions. Une économie libre n'est pas possible sans la mise en place de règles adéquates aussi bien au niveau national qu'international et aucun marché ne peut survivre sans infrastructures institutionnelles, a-t-il expliqué, soulignant que la gouvernance mondiale se fixe comme premier objectif de réduire les coûts des transactions, ce qui requiert une approche pragmatique concernant les mesures à même de faciliter les échanges commerciaux. La WPC qui est initiée annuellement depuis 2008 par l'Institut français des relations internationales (IFRI) se déroule à un mois de la tenue du G20 à Séoul. Elle en est à sa troisième édition après celle organisée à Marrakech du 30 octobre au 1-er novembre 2009 et la première qui s'est déroulée à Evian (Centre-Est de la France) en octobre 2008.