La remise en place d'une stèle glorifiant l'OAS, décidée par le conseil municipal de Marignane (Bouches-du-Rhône), a été décriée par un collectif d'associations qui y voient une "valorisation" de la présence coloniale française en Algérie. L'installation en juillet 2005 d'un cénotaphe, dédié à l'OAS dans l'enceinte du cimetière Saint-Laurent Imbert de Marignane, à l'initiative conjointe de l'association d'anciens activistes dénommée "ADIMAD" et du maire Daniel Simonpieri, a été à l'origine de plusieurs contentieux dont le Conseil d'Etat est à présent saisi. Pour parvenir à un règlement, avant les élections cantonales de mars 2011, de la situation créée par le démantèlement de ce monument tel qu'ordonné par le tribunal administratif de Marseille le 7 juillet 2008 et devenu effectif quatre mois plus tard, l'actuel maire de Marignane, Eric Le Dissès, et le président de l'Adimad, Jean-François Collin, ont prévu la réimplantation de la stèle en question par voie de convention. Et c'est ainsi que le mercredi 27 octobre en soirée, le texte en a été soumis à une délibération du conseil municipal qui en a majoritairement approuvé le principe et les dispositions. Dans un communiqué rendu public conjointement, l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (ANPROMEVO), l'Association Les amis de Max Marchand de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons et l'Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs Amis (ANPNPA) se sont érigées contre la remise en place, au cimetière Saint-Laurent Imbert, de cette stèle. Aux yeux de ces associations, la réinstallation du cénotaphe sur son emplacement d'origine représente à la fois un refus de l'hommage de la ville à toutes les victimes, civiles et militaires, de la guerre de libération, une discrimination mémorielle, matérialisée, sur la stèle elle-même, par la "valorisation" de la présence coloniale française en Algérie et la mise en avant d'un condamné à mort de l'OAS. Elle représente aussi, selon elles, "un mépris des quelque 2.700 victimes militaires et civiles de cette organisation criminelle, parmi lesquelles des élus, des magistrats, des fonctionnaires, des enseignants, des représentants des forces de l'ordre, reconnus pour certains +Morts pour la France+, un affront fait à la justice, dans la mesure où l'arrêt de la Cour administrative d'appel de Marseille d'avril 2010 qui avait consacré l'illégalité de la stèle et validé le jugement de juillet 2008 ordonnant son retrait du domaine public, est frappé par l'Adimad d'un recours en cassation sur lequel le Conseil d'Etat n'a pas encore statué". Les associations contestatrices préviennent que dans les jours à venir, il appartiendra à l'autorité préfectorale, à l'autorité judiciaire, aux veuves et descendants de victimes de l'OAS ainsi qu'aux organisations et associations qui les soutiennent, au sein du monde combattant notamment, de "se déterminer sur les suites à donner à l'ensemble de ces provocations".