Le devoir de mémoire revendiqué par les criminels de l'OAS, est une inversion des valeurs. Le combat mené contre les «actions révisionnistes» des anciens éléments de cette organisation criminelle, s'explique par le refus de transmettre une «Histoire falsifiée» aux générations futures. C'est ce qu'a affirmé, jeudi à Paris, Jean-François Gavoury, président de l'Association française pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo). «Ce combat est un impératif républicain», a-t-il indiqué. «Jusqu'à 2005, date à laquelle a été érigée la stèle de Marignane - enlevée le 18 novembre dernier - les hommages des anciens de l'OAS aux leurs étaient plutôt discrets. J'aurais donc pu oublier tout ce drame si on n'était pas venu assassiner mon père une deuxième fois, ainsi que la mémoire des milliers d'autres victimes de l'OAS», a expliqué Jean-François Gavoury, fils du commissaire Gavoury assassiné par la sinistre organisation criminelle. Le président de l'Anpromevo a estimé que le devoir de mémoire revendiqué par les criminels de l'OAS «est une inversion des valeurs». Que sont alors les victimes de l'OAS si leurs bourreaux, leurs assassins peuvent prétendre être des patriotes? Ils ne sont pas morts pour la France, comme le disent leurs partisans. Dans un entretien publié dans la dernière livraison de l'hebdomadaire français Le Point, il explique que «cette mention légale est celle qui figure sur les actes de décès de leurs victimes». En effet, la multiplication du nombre de ces monuments révisionnistes notamment, au sud de la France, suscite la colère de nombreuses associations et personnalités connues pour leur lutte contre les menées de ces nostalgiques d'un passé révolu et membres d'une organisation terroriste. Lors d'un hommage rendu, jeudi soir, à Germaine Tillion, au Centre culturel algérien de Paris, Henri Pouillot, historien et fervent militant anticolonial, s'est dit scandalisé par la facilité avec laquelle ces milieux révisionnistes érigent des stèles glorifiant des actes criminels. Comment peut-on parler de Germaine Tillion, sans parler de Mouloud Feraoun, Max Marchand et leurs collègues assassinés, dans un centre social mis en place par cette humaniste, par les tueurs de l'OAS que certains glorifient aujourd'hui, avec la bénédiction de certains élus?, s'est-il interrogé. Mardi dernier, le maire de Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, a procédé au démontage d'une stèle, érigée à la mémoire de membres de l'OAS, condamnés à mort par la justice française puis exécutés pour leurs crimes. Plusieurs associations et ONG ont salué cette action, dont le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) qui a estimé, dans un communiqué, que la disparition de cette stèle de la honte ne peut que réconforter tous les républicains. Cette stèle, copie de celle de Perpignan, avait été érigée en juillet 2005, mais les réactions coordonnées de nombreuses organisations démocratiques, régionales et nationales françaises, avaient fait obstacle à son inauguration, affirme l'association. Maintenant, il reste à avancer sur le même chemin afin que les autres stèles de Béziers, Théoule-sur-Mer, Perpignan, disparaissent à leur tour de l'espace public, a souligné la même ONG. Cette dernière s'oppose à ce que des manifestations d'hommage soient rendues et des stèles érigées à la mémoire de terroristes qui ont la mort sanglante de milliers de personnes sur la conscience.