Le Prix de la Tolérance de la Fondation Ousseimi a été décerné récemment à Genève à l'Emir Abd El-Kader à titre posthume. L'ambassadeur, représentant permanent de l'Algérie à Genève, Idriss Jazairi, a prononcé, à cette occasion, une allocution dans laquelle il a rappelé que "l'Emir Abd El-Kader Al Jazairi est le fondateur de l'Etat algérien contemporain, un résistant chevaleresque à l'invasion coloniale mais aussi, et surtout, un croyant, un soufi, un poète et un promoteur résolu, avant l'heure, du droit humanitaire et des droits de l'homme". M. Jazairi a indiqué, également, que "c'est en grande partie à son rôle précurseur dans l'affirmation de valeurs universelles --qu'on a trop tendance à associer à la civilisation occidentale-- qui vaut à l'Emir ces témoignages sans cesse renouvelés". Il a rappelé, dans ce contexte, que lors de l'exil de l'Emir à Damas, ses hommes n'hésitèrent pas à soustraire, au péril de leur vie, 12.000 chrétiens à la vindicte populaire, et à les acheminer en lieu sûr, ajoutant qu'aux observateurs qui lui demandèrent pourquoi il avait pris de tels risques pour sauver des chrétiens, alors que c'étaient aussi des chrétiens qui avaient envahi et mis à sac son pays, l'Emir répondît qu'il s'était simplement conformé aux enseignements de l'Islam et qu'il avait agi dans le respect des "Droits de l'humanité". "C'était, a souligné M. Jazairi, la manière de l'Emir de revendiquer, avant l'heure, les droits de l'homme pour les minorités, en même temps qu'un des droits de l'homme les plus sacrés pour tous: le droit à la vie". Le diplomate algérien a, par ailleurs, relevé que dans son ouvrage intitulé "Rappel à l'Intelligent et avis à l'Ignorant", l'Emir évoque la complémentarité des religions et le fait qu'elles débouchent toutes sur la tolérance. Le représentant permanent de l'Algérie à Genève a affirmé que l'héritage spirituel de l'Emir a profondément marqué le peuple algérien, soulignant que "le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui prît dans sa jeunesse le nom d'Abdelkader comme nom de guerre durant la guerre de Libération, s'en est profondément inspiré dans l'exercice de ses hautes fonctions". Le Prix de la Tolérance de la Fondation Ousseimi consiste en une statuette (Oscar de la Fondation) et un diplôme qui seront remis à l'Algérie ainsi qu'une somme d'argent d'une valeur de 60.000 francs suisses qui sera consacrée par la Fondation Ousseimi à des recherches devant compléter la liste des sources disponibles sur l'Emir Abd El-Kader afin de les partager avec la communauté académique. La cérémonie d'attribution s'est déroulée en présence du président du Conseil des droits de l'Homme, l'ambassadeur Sihasak Phuangketkeow, du président du CICR, M. Jakob Kellenberger, du Directeur général de l'Office des Nations unies, M. Sergei Ordzhonikidze et devant un parterre de quelque 600 participants, essentiellement des chefs de missions diplomatique, des représentants du mouvement associatif et des universitaires.