Cette rencontre intervient deux ans après l'appel du président Bouteflika à Genève aux historiens, experts, écrivains et analystes du monde pour plancher en profondeur sur les droits de l'Homme de l'époque de l'Emir Abdelkader à nos jours. Les travaux du Colloque international sur l'Emir Abdelkader organisé par le Conseil de la nation, présidé par Abdelkader Bensalah, sous le thème l'“Emir Abdelkader et les droits de l'Homme, vision d'hier et d'aujourd'hui”, ont débuté hier à Alger. L'Emir Abdelkader a été à l'origine de la naissance et des droits humains internationaux, a affirmé le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, dans un message adressé aux participants du colloque et lu par le conseiller à la présidence de la République, M. Mohamed-Ali Boughazi. Le chef de l'Etat a rappelé que l'Emir Abdelkader a promulgué en 1843 un décret national fixant les droits des prisonniers de guerre, préfigurant ainsi dans la Convention de Genève en 1864. Il a également mis en exergue les positions historiques honorables de l'Emir Abdelkader et ses contributions au rapprochement des peuples, des religions et des civilisations, rappelant que l'Emir Abdelkader est le fondateur de l'Etat algérien moderne. Des “droits humanitaires” aux “droits de l'Homme”, le concept n'a pas changé depuis l'appel et l'offensive de l'Emir Abdelkader pour sauver 12 000 chrétiens dans les évènements de Damas et du Mont Liban. Idriss El-Djazaïri, petit-fils de cet homme historique, est remonté jusqu'aux années 1860 avant de faire une projection dans l'avenir, en passant par la récente campagne d'évangélisation qui a touché l'Algérie. Une campagne dangereuse, selon l'ambassadeur, chef de la Mission permanente de l'Algérie auprès des Nations unies à Genève, “qui vise à détruire le patrimoine authentique des peuples, tantôt au nom du développement, tantôt au nom de la démocratie”. Aux yeux d'El-Djazaïri, la mondialisation a su imposer un modèle de comportement loin de refléter la réalité culturelle et religieuse. “La mondialisation, a-t-il dit, nous promet des bénéfices matériels, des leurres et une pression à tel point où certains tombent dans les bras d'une identité meurtrière, l'intégrisme religieux, l'extrémisme et le racisme.” Des concepts étrangers à l'islam et que les tenants et les aboutissants de la campagne d'évangélisation tentent d'imposer “au nom de la liberté d'expression”. Idriss El-Djazaïri a plaidé pour l'esprit de tolérance, la cohabitation des cultures, des civilisations et des religions, et la nécessité de revisiter la notion des droits de l'Homme dans l'histoire. Y compris sa vision de la tolérance dans l'islam. Il dira, à ce propos, que l'Emir Abdelkader a différencié les deux concepts, à savoir les règles de la religion, qui relèvent des principes de l'universalité, et les règles conjoncturelles, qui suggèrent dans toute société tolérante le recours à la jurisprudence “pour permettre aux différentes sociétés de cohabiter et de s'adapter à la réalité”. Et d'ajouter sur la notion des droits de l'Homme : “La vision de l'Emir Abdelkader est issue de l'esprit de pardon religieux.” Dénonçant les caricatures de dénigrement qui ont porté atteinte à l'image du prophète Mohammed (QSSSL), M. El-Djazaïri a rappelé à l'assistance que l'œuvre de l'Emir devra être davantage explorée par les spécialistes pour la perpétuer aux futures générations en consacrant une rencontre annuelle à ce sujet. D'autres interventions ont également été programmées, comme “L'identité religieuse et la tolérance” de Monseigneur Tessier, archevêque d'Alger, “L'Emir Abdelkader et le pluralisme religieux” du professeur Paolo Urizzi, “Pourquoi El-Kader en Amérique” de Katie Garms, présidente du Club d'El-Kader aux USA et bien d'autres communications sur l'histoire, l'itinéraire et la dimension internationale de cet homme. Ce colloque, qui coïncide avec le bicentenaire de la naissance de l'Emir Abdelkader, et dont les travaux prendront fin aujourd'hui, a vu la participation de la fondation, qui porte son nom, de nombreuses personnalités et chercheurs en histoire nationaux et étrangers. Une cérémonie de recueillement aura lieu, ce matin, au cimetière d'El-Alia de Bab-Ezzouar. Il faut rappeler que le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, ainsi que l'ambassadeur d'Algérie au Mexique, Merzak Belhimeur, ont procédé à l'inauguration de la statue de l'Emir Abdelkader au Mexique. FARID BELGACEM