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L'olivier de Saint Augustin, la "vigie verdoyante" de Souk Ahras
Publié dans Algérie Presse Service le 24 - 11 - 2010

Du haut du monticule de Sidi-Messaoud, l'olivier dit de Saint Augustin, toujours verdoyant, veille inlassablement depuis des siècles sur l'antique Thagaste, aujourd'hui Souk Ahras. Les habitants de cette ville qualifiée jadis de cité des saints, ont réservé, à travers des générations successives, une place particulière à cet arbre découvert en 1843 par une mission française. Symbole de paix, de concorde et de longévité, l'olivier symbolise aussi toute une ville, celle de Souk Ahras où cohabitèrent les religions et qui a enfanté tant d'illustres personnalités, en plus de Sainte Monique et de son illustre fils, Augustin. Saint Augustin qui vécut entre 354 et 430 aurait passé, à l'ombre de cet olivier millénaire, de longues heures à prier, à méditer et à rédiger ses ouvrages, soutiennent certains historiens et spécialistes de l'augustinisme.
Mais pour les responsables du tourisme de la wilaya, cet arbre représente aujourd'hui un véritable site touristique et un lieu de pèlerinage qui attire annuellement de nombreux groupes de visiteurs de diverses nationalités, italienne, française, américaine et portugaise, y compris d'anciens Pieds-noirs.
Un haut lieu touristique
Depuis la tenue en 2001 du colloque international sur la vie de Saint Augustin, qui a mis en évidence l'origine algérienne et berbère de cet illustre penseur et théologien, les agences de voyage spécialisées dans le tourisme culturel, n'ont pas cessé d'y conduire les touristes dont le nombre aurait atteint plusieurs centaines depuis janvier. Une tradition sociale, maintenue jusque durant les premières décennies de l'indépendance, faisait que les mères allaient enterrer sous cet olivier les prépuces excisés de leurs garçons et priaient pour qu'ils aient l'intelligence de ce religieux érudit. Les plus riches d'entre elles organisaient même des Zerdas, ces copieux festins collectifs, près de cet arbre pour la "baraka". Les questions de savoir si cet arbre a réellement quelque chose à voir avec le saint homme et si oui ou non ce dernier l'a lui-même planté, demeurent récurrentes parmi les gens de Souk Ahras.
Pour le président de l'association locale "Réflexion et initiatives", Badri Loudjali, cet olivier existait bien avant Saint Augustin. Selon lui, l'association du nom de l'érudit à cet arbre vient du fait que l'homme fréquentait assidûment cet endroit pour y jouer, enfant, et pour y méditer, plus tard. La directrice des sites archéologiques, Mme Dalila Zebda, rappelant qu'il ne se passe presque jamais un jour sans qu'il y ait un écrit ou un article sur Saint Augustin, estime qu'il est temps de lancer une étude de dendrochronologie pour fixer exactement l'âge de cet arbre qui aurait, selon certaines études, environ 2.900 ans.
Selon la même source, une opération de réhabilitation de cet arbre a été réalisée en 2005, avec la collaboration de la municipalité d'Ostie (Italie), la ville portuaire de la Rome antique où est enterrée Sainte Monique, mère d'Augustin. Les travaux avaient porté sur le réaménagement des alentours de l'arbre et la construction, selon une conception originale, œuvre d'un groupe d'architectes, d'un petit musée où sont aujourd'hui exposés des tableaux représentant Saint Augustin, sa mère, des membres de sa famille et ses compagnons.
La force d'un symbole de paix et de générosité
La même responsable plaide également en faveur de la classification de cet arbre en tant que patrimoine national, à l'exemple de l'arbre Dardara, à Ghriss (Mascara) à l'ombre duquel plusieurs notables et tribus firent allégeance à l'Emir Abdelkader pour conduire la résistance armée, le 28 novembre 1832, et de plusieurs autres arbres classés aux Etats-Unis et au Japon. De son côté, Amar Djabourabbi de la même association locale estime que les agences touristiques locales et nationales doivent développer des produits et des circuits touristiques qui valorisent les sites de la région dont la basilique de Saint Augustin à Annaba et son olivier à Souk Ahras. Pour le moment, déplore-t-il, la majorité des groupes de touristes qui visitent ces sites sont encadrés par des agences touristiques tunisiennes.
Pour Djalal Hechab, chercheur en culture populaire au centre universitaire de Souk Ahras, s'agissant de symboles de prospérité et de générosité, des oliviers sont l'objet de croyances populaires. C'est notamment le cas de celui d'Oum Chlayek (morceaux de tissus), à Mezghiche, dans la wilaya de Souk Ahras. Selon la croyance populaire, rappelle cet universitaire, lorsqu'on accroche des bouts de tissus sur les branches de cet arbre, c'est comme si l'on accrochait ses maux pour repartir léger et soulagé.


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