La problématique de l'identification et de la restauration des monuments a été la thématique majeure de la deuxième journée du séminaire sur l'art et le patrimoine organisé dimanche et lundi à l'Ecole supérieure des Beaux-arts (Alger). "La mosquée Ketchawa, l'un des fleurons du patrimoine religieux de la vieille ville d'Alger porte en elle l'histoire complexe et sédimentée du centre d'Al-Djanina ou Dar Essoltane (actuelle Place des Martyrs)", a indiqué dans son intervention l'universitaire Nabila Cherif. En ce lieu, "se croisent des mémoires, celle de la mosquée ottomane du 18è siècle, édifiée à l'emplacement d'une mosquée médiévale mentionnée au 14è siècle, puis celle de la cathédrale bâtie au milieu du 19è siècle par l'occupant" français, a-t-elle expliqué. "Le problème de l'identification (architecturale) de cet édifice reste posé. Romano-byzantin ou gréco-byzantin et d'obédience arabisante ou néo-mauresque?", a-t-elle relevé, mettant en valeur son "caractère unique". Sous le titre "L'architecture de la reconstruction : un héritage à patrimonialiser", le Dr Hounaida Dhouib, assistante à l'Institut supérieure des arts et métiers de Sfax (Tunisie), a évoqué la problématique de l'actualisation du patrimoine architectural prenant comme exemple certaines constructions en Tunisie réalisées durant l'occupation française. "Oscillant entre le discret et l'ostentatoire, cette architecture reconduisait les principaux attributs formels et ornementaux du patrimoine tunisien, greffés sur les nouveaux programmes importés par la France", a-t-elle indiqué, ajoutant que l'actualisation du patrimoine architectural en Tunisie représente jusqu'à nos jours "une problématique épineuse que les concepteurs s'efforcent de résoudre de différentes manières". L'universitaire Tsouria Kassab a abordé, pour sa part, le patrimoine immobilier de la ville d'Alger. "Les images d'Alger sont plurielles: de la maison introvertie à patio, aux immeubles de rapport, aux grands ensembles et aux nouveaux quartiers périphériques, la production architecturale et urbaine de chaque époque affiche ses concepts et ses styles", a-t-elle précisé, notant que la notion de patrimoine dans le monde "est, pour une large part, l'histoire des ajouts". De son côté, Mondjia Abdeltif-Benchaabane, doctorante en architecture, a estimé que "nos villes d'aujourd'hui, victimes de la pensée +moderniste+ offrent un cadre d'immobilité et de rigidité". "Les bâtiments, inertes, n'offrent aucune évolutivité et ne sont connectés ni au paysage urbain, ni à la nature, ni aux hommes qu'ils abritent", a souligné le chercheur.