Les Nations unies prévoient d'envoyer des renforts en Côte d'Ivoire, jugeant "délicate et dangereuse" la situation politique et sécuritaire règnant dans ce pays, en proie à une grave crise politique depuis le second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier. A l'issue d'une réunion lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé lundi de renouveler le mandat de l'opération onsienne en Côte d'Ivoire (Onuci) pour une durée de six mois, alors que la fin cette mission est initialement prévue pour le 31 décembre. En raison de l'insécurité qui plane sur la côte d'Ivoire, le Conseil de sécurité prévoit même d'envoyer des renforts dans ce pays, après les menaces proférées par des hommes armés contre le personnel de l'Onuci, cible, il y a quelques jours, d'une attaque armée. "Des hommes armés menacent les employés de notre mission de paix, après le refus de l'ONU de répondre à la demande de Gbagbo (président sortant) de retirer ses forces de ce pays", a dénoncé mardi le chef de l'Onuci, Choï Young-Jin. "Ils se sont approchés des maisons de nos employés pour leur demander de partir", a-t-il ajouté. Selon une résolution adoptée lundi, le Conseil onusien s'est déclaré disposé "à imposer des mesures, y compris des sanctions ciblées, contre des personnes qui, menacent le processus de paix et la réconciliation nationale, y compris en sabotant le résultat du processus électoral" en Côte d'Ivoire, où les deux présidents proclamés, le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo, et son rival Alassane Ouattara, se disputent le pouvoir. "La situation est à la fois très délicate, dangereuse, mais notre détermination est entière. Nous avons un mandat à accomplir qui a été renouvelé ce matin et nous l'appliquerons", a déclaré lundi le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy. "Il est clair que le clan de Laurent Gbagbo fait tout pour nous rendre la vie très difficile, y compris en nous coupant nos approvisionnements et par du harcèlement" et "en faisant des provocations y compris armées", a-t-il dit. Se revendiquant "président", Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, continue de tourner le dos aux sanctions et pressions internationales de quitter le pouvoir, et exige le départ immédiat des forces de l'Onuci et même de la Force française "Licorne" qui soutiennent l'opposant Ouattara. La demande de Gbagbo a été carrément rejetée par l'ONU qui le menace de sévères sanctions, après celles adoptées dimanche contre lui par l'Union européenne (UE) qui l'interdit de visa sur le sol européen. Le président sortant ivoirien ainsi que 18 personnes de son entourage ont été sanctionnés par l'UE qui les interdit de visa sur le sol des 27 pays membres de l'UE. Les Etats-Unis n'ont pas de leur côté exclu d'imposer des sanctions à la Côte d'Ivoire "dans les prochains jours", appelant à nouveau Gbagbo à renoncer à la présidence du pays. "Nous savons que l'UE a trouvé un accord pour sanctionner l'ancien président Gbagbo", a indiqué le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley. Gbagbo a été proclamé "président" par le Conseil constitutionnel en invalidant les résultats de la commission électorale (CEI) qui a donné Ouattara vainqueur avec 54,1% des suffrages. Depuis, les deux parties ont toutes deux formé leurs gouvernements différents, s'engageant dans une rude concurrence pour le contrôle de l'armée, de l'administration et des finances publiques afin de s'assurer le pouvoir.