L'émissaire de l'Union africaine (UA), l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé dimanche en Côte d'Ivoire pour tenter de régler la crise post-électorale, qui risque de plonger le pays dans une nouvelle impasse politique. Vivement contestée par la communauté internationale qui reconnaît l'opposant Alassane Ouattara "vainqueur légitime" du scrutin présidentiel du 28 novembre en Côte d'Ivoire, la proclamation par le conseil constitutionnel du chef d'Etat sortant, Laurent Gbagbo comme président, a provoqué un "climat politique tendu" dans le pays. Face à cette situation de crise, l'UA a décidé samedi, à l'issue d'une session du Conseil de paix et de sécurité (CPS), d'envoyer M. Mbeki en "mission d'urgence" en Côte d'Ivoire pour tenter de" trouver une solution légitime et pacifique à la crise" post-électorale. A Abidjan, l'ancien président sud-africain doit avoir des discussions avec les différentes parties ivoiriennes afin d'examiner tous les moyens susceptibles d'apporter des solutions pacifiques à la crise. La Côte d'Ivoire s'est retrouvée samedi avec deux présidents, le sortant Gbagbo "non reconnu" et son rival, l'ex-Premier ministre Ouattara, soutenu et reconnu par la communauté internationale "vainqueur légitime de la présidentielle du 28 novembre. Au pouvoir depuis 2000, le président sortant, M. Gbagbo a prêté serment samedi soir au palais présidentiel pour un nouveau mandat à la tête de la République ivoirienne, alors que son élection est toujours rejetée par plusieurs pays et organisations mondiales. Dans un courrier adressé samedi soir au Conseil constitutionnel, M. Ouattara a, lui aussi, annoncé sa prestation de serment manuscrite comme "président légitime" de la Côte d'Ivoire, saluant la communauté internationale pour son soutien. Préoccupée par les événements en Côte d'Ivoire, l'UA a exprimé samedi dans un communiqué, publié à Addis-Abeba, son rejet total "de toute tentative visant à créer un fait accompli pour saper le processus électoral et remettre en cause la volonté populaire telle qu'elle a été exprimée le 28 novembre 2010, compliquant davantage une situation déjà très grave, et plonger la Côte d'Ivoire dans une crise aux conséquences incalculables". Le CPS de l'UA a tenu samedi soir une session entièrement consacrée à la situation précaire régnant en Côte d'Ivoire, où des violences avaient suivi la proclamation par le Conseil constitutionnel de M. Gbagbo comme président du pays. L'élection de ce dernier a été vivement contestée par plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne, le Canada, la France, ainsi que par des organisations internationales comme l'ONU, l'Union européenne (UE) et le Fond Monétaire international (FMI) qui appellent Gbagbo à respecter les résultats électoraux annoncés auparavant par la commission électorale CEI. Jeudi dernier, la CEI a crédité le candidat Ouattara de 54,1% des suffrages, lors du second tour de la présidentielle du 28 novembre, une victoire reconnue par l'ONU, l'UE et les Etats-Unis. Mais le Conseil constitutionnel de Côte d'Ivoire a déclaré vendredi soir le président sortant vainqueur avec 51,45% des suffrages. Cette décision a été carrément rejetée par le camp Ouattara, qui met en garde contre un "risque de guerre" dans le pays. Par mesure préventive, les Etats-Unis ont appelé samedi les Américains à éviter tout voyage en Côte d'Ivoire en évoquant "une probabilité accrue de troubles politiques et de potentielles violences" après la dernière présidentielle. La crise risque de prendre de l'ampleur en Côte d'Ivoire, où des échanges de tirs survenus au cours d'affrontements entre les partisans des deux camps, ont déjà fait deux morts, selon des médias.