Le couvre-feu nocturne, instauré en Côte d'Ivoire par le président Laurent Gbagbo, a été prolongé d'une semaine afin de maintenir l'ordre notamment à Abidjan où des manifestations ont été organisées lundi pour protester contre l'"anarchie politique" dans le pays. Ce couvre-feu qui a été instauré par le chef de l'Etat sortant avant la tenue du second tour de l'élection présidentielle, le 28 novembre, était censé prendre fin dans la journée, mais a été prolongé afin, a-t-on expliqué, de maintenir l'ordre public. "Un couvre-feu est appliqué sur toute l'étendue du territoire national jusqu'au 13 décembre de 22H00 (locales et GMT) à 05H00", indique un décret du président Gbagbo lu à la télévision publique. Cette décision a été prise en "vue du maintien de l'ordre public qui s'impose dans la période postérieure à la proclamation des résultats du second tour de l'élection présidentielle", dit le texte. Les frontières du pays, qui ont été fermées par l'armée ivoirienne après des violences post-électorales dans plusieurs régions du pays, ont été rouvertes dans la matinée. Ces mesures sécuritaires interviennent alors que des manifestations ont été organisées plus tôt dans la journée à Abidjan pour protester contre la crise politique qui persiste dans le pays, et exprimer leur opposition à l'"anarchie politique" née du conflit entre M. Gbagbo et son rival, l'ex-Premier ministre et leader de l'opposition Alassane Ouattara, qui se revendiquent vainqueurs de la présidentielle et qui ont prêté serment samedi. Lors de ces rassemblements à Abidjan, des manifestants en colère ont brûlé des pneus, incendié plusieurs véhicules et dressé des barricades en bois, obligeant les forces de l'ordre à utiliser des bombes lacrymogènes pour disperser la foule et dégager les voies. Des marchés ont été également pris d'assaut dans la capitale économique du pays par des manifestants outrés par la situation confuse dans laquelle s'est retrouvé leur pays après le scrutin présidentiel. Les risques d'un embrasement de la situation en Côte d'Ivoire continuent de soulever l'inquiétude de la communauté internationale qui a réitéré ses appels aux parties ivoiriennes à respecter les résultats de la présidentielle. Le Secrétaire général de l'Organisation des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), Mohamed Ibn Chambas, a souligné à ce propos la nécessité de "respecter le résultat du scrutin" pour "sortir la Côte d'Ivoire de cette crise qui a trop duré", estimant que "la situation est vraiment inquiétante". De son côté, l'Union européenne (UE) a pressé les Ivoiriens de régler la crise politique sous peine de "sanctions", selon Angela Filote, une porte-parole de la Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères Catherine Ashton. Mme Ashton "est prête à suivre les procédures qui prévoient des sanctions s'il n'y a pas une résolution rapide à cette situation de crise", a prévenu le porte-parole, sans donner de détails sur le contenu de ces éventuelles sanctions. Ces déclarations interviennent au moment où le médiateur de l'Union africaine (UA) en Côte d'Ivoire, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki poursuivait ses discussions avec les différentes parties ivoiriennes, dans une tentative de régler la crise politique. La Côte d'Ivoire, qui traverse depuis 2002 une crise politico-militaire née du coup d'Etat manqué à l'encontre du président Laurent Gbagbo, est dans la tourmente depuis que ce dernier a été proclamé vainqueur du second tour de la présidentielle avec 51,45% des suffrages par un Conseil constitutionnel, qui a invalidé les résultats de la Commission électorale indépendante, qui donnaient l'opposant Alassane Ouattara en tête du scrutin avec 54,1%.