Une des localités des Aurès qui a toujours participé d'une manière ou d'une autre à la mise en valeur de objets traditionnels berbères, n'est autre que la modeste localité de Ghassira, située à 110 kilomètres au Sud de Batna-ville. Le bijou berbère y est traditionnellement fabriqué selon des techniques qui datent de l'aube des temps. Il y a ce qu'on appelle en berbère Akdim (collier), Akhelkhal (bracelet), Ahanachi (bracelet au bout de serpent), Akrane (long pendentif qui se met sur la poitrine) et Imechrafine (boucles d'oreilles) entre autres bijou pour femmes. Dans le même cadre de fabrication artisanale, Akbouchen (poterie) a une large place à l'image de la marmité appelée Akenache et du Fen (Tadjine) assez spécifique à la région. Ighenjaiine (cuillères) sont taillées par les hommes, selon la tradition, et une fois le travail des hommes effectué, les femmes dessinent, selon leurs goûts, des motifs sur ces cuillères. Thisountaouine (oreillers en laine) et le fameux Assehouli (tapis en laine), aux couleurs prédominantes variant entre le rouge, le jaune, le vert et le bleu et qui n'ont pas leurs semblables de par leurs motifs spécifiques. Les artisans de la région des Aurès ont appris de génération en génération des techniques spéciales de confection de divers objets qui auraient pu, en d'autres circonstances, servir de base à la relance des métiers traditionnels. Le tissage à la main est pénible le matériel traditionnel à tisser, s'installe dans la maison pour de longs mois, après l'achat difficile de laine à raison de 2 millions de centimes le quintal sans compter la teinture qui est achetée en petites quantités de Tunisie. Le lavage, le travail d'épuration de la laine ainsi que le tissage nécessitent un travail en groupe de toute la famille durant deux mois d'affilée et quand finalement un beau tapis sort de la maison, il trouve difficilement un preneur. Plusieurs familles de la région des Aurès activent dans le domaine de la conception des tapis traditionnels mais faute de rentabilité financière et de vente compensatoire, les choses ont évolué négativement à tel point que personne n'arrive à joindre les deux bouts, lassant les portes ouvertes à un éventuel abandon de l'activité. Nasreddine Bakha In L'Est