Par : Mohamed HOUADEF/liberté/ Les réformes agricoles ont été vécues par la wilaya de Batna d'une façon pleine malgré un démarrage timide durant le premier quinquennat du Plan national du développement agricole et rural. Ce démarrage timide est dû à la faible participation de l'institution financière d'une part et d'autre part, à l'incompréhension des lois par les principaux acteurs en plus de quelques problèmes objectifs comme la gestion du foncier agricole à 60 % indivisible (arch ou communal...). À cela s'ajoute la difficulté d'accéder aux ressources hydriques surtout de par l'obtention d'autorisation de forage de puits pour l'irrigation. Un arsenal de mesures a été mis en place par la DSA bien aidée par les responsables de la wilaya pour donner une impulsion à un programme d'investissement et de développement de l'agriculture à la fin du premier quinquennat et au début du second. Une campagne d'explication a été menée par les cadres de la DSA de Batna en direction de tous les acteurs pour tous les programmes mis en œuvre à travers la wilaya. Il faut dire qu'un assouplissement des procédures d'accès aux programmes dans le cadre du respect de la réglementation, une implication réelle des institutions financières et surtout la clarification des responsabilités et des rôles ont permis à chacun de jouer pleinement son rôle. De plus la structuration de l'espace agropastoral en zones homogènes confirmée par un schéma directeur en zone agricole et para-agricole, la délimitation des zones hydrogéologiques et la réglementation du foncier agricole et la disponibilité de l'eau pour l'irrigation d'appoint ont facilité, pour bon nombre d'agriculteurs, l'accès à la carte de fellah comme document de base pour l'accès au soutien. Ainsi tout ce train de mesures menées de main de maître par le DSA, Grabsi Lyamine a permis à la wilaya de réaliser un saut qualitatif et quantitatif en matière de développement agricole soutenu. Le rôle joué par les pouvoirs publics au niveau local a permis l'obtention d'un financement consistant, facilitant du coup l'extension de la superficie agricole exploitée, la multiplication des forages, le désenclavement des populations rurales et aussi et surtout le développement et la diversification de la production. Il y a eu injection entre 2000 et 2010 d'une enveloppe financière de plus de vingt (20) milliards de dinars dans le secteur dont douze (12) milliards de dinars proviennent des différents fonds ( Fonds du développement rural et de mise en valeur, Fonds de lutte contre la désertification, Fonds de régulation de la production agricole, Fonds phytosanitaire et zoo-sanitaire...). Ceci sans compter l'apport consistant des autres secteurs intervenant dans le monde rural (électricité et habitat rural) et d'autres secteurs à impact social dont le montant a dépassé les quinze (15) milliards de dinars. Ce financement a permis une extension de la superficie agricole exploitée de près de quatre-vingts mille (80 000) hectares ce qui implique une réduction de la jachère de plus de 20 %. En 2000 elle était de l'ordre de 60 % et actuellement de 40 %. La réalisation de 2 300 forages c'est-à-dire le passage de 500 forages en 2000 à 2 800 en 2010/2011 ,a permis l'extension de la superficie irriguée de 14 000 ha à 50 000 ha dont près de 13 000 hectares équipés en systèmes économiseurs d'eau ( goutte à goutte et aspersion). L'ouverture de près de 700 km de pistes agricoles a fortement désenclavé un grand espace où un grand nombre de fellahs s'est investi à l'arboriculture de par la plantation de 17 000 hectares avec 5 000 oliviers, 5 000 pommiers et 10 000 abricotiers. À noter que la superficie arboricole de la wilaya qui était de 5 900 hectares en 2000 est passée à 22 000 hectares. La production dans cette filière est des plus satisfaisantes. De 5 000 quintaux il y a dix ans, elle est passée à un million deux cent mille (1 200 000 quintaux en 2011), soit au troisième rang à l'échelle nationale. L'oléiculture est une filière qui prend de plus en plus d'ampleur au niveau de la wilaya où on projette la réalisation de 50 000 hectares en 2010 et 2014, ce qui constituera un revenu supplémentaire aux éleveurs et agriculteurs en plus du fait de constituer une bande de protection contre la désertification et par là une branche socio-économique d'impact avéré dans les zones sud de la wilaya. À ce titre, un grand programme de réalisation d'huileries et conserveries vient d'être finalisé, en plus de la relance de production de plants oléicoles avec les techniques des plus modernes. En matière de production animale et malgré la hausse du prix des aliments, on enregistre un grand retour à l'activité avicole qui est l'une des plus performantes à l'échelle nationale, première en œufs et seconde en viande blanche. Le taux d'exploitation du potentiel existant en bâtiments est passé de 30% à 70 %. Filière lait : 7200 litres/jour En matière de production laitière, l'élan pris par cette filière est des plus encourageant, en témoigne l'émergence de plusieurs bassins laitiers à El Madher, Sériana, Mérouana, et Barika et surtout le niveau de professionnalisation. La production fourragère qui a explosé passant du simple au double, un million cent mille (1 100 000) quintaux à deux millions sept cent mille (2 700 000) quintaux et la généralisation de l'insémination artificielle sont des signes annonciateurs d'excellents résultats en matière de production de lait. L'insémination qui a atteint le nombre de 4 000 a accéléré sensiblement l'amélioration génétique et l'on ressent ces progrès à travers la production laitière qui a atteint une moyenne de 5 000 litres par jour et un pic de 7 200 litres. La valorisation de lait cru est en train d'asseoir cette filière de par l'augmentation de la quantité collectée-transformée 6 000 000 en 2004 à 18 000 000 litres aujourd'hui et aussi de par la réalisation d'unités de transformation, passant d'une à quatre. Il y a aussi une évolution en matière de viande rouge. Le cheptel ruminant de la wilaya qui comptait 600 000 têtes toutes espèces confondues est aujourd'hui à un million et demi (1 500 000). Ainsi, la production de viande rouge est passée de 5 000 à 12 000 tonnes. Quant à l'apiculture, elle ne fait pas exception des autres filières. Si le nombre de ruches a triplé de 25 000 à 75 000, les services techniques comptent aller loin avec l'application de la carte mellifère. Cette filière qui a produit 5 000 quintaux attend toutefois d'être valorisée. À cet effet, la création de coopératives, d'unités de transformation et conditionnement à travers les zones apicoles urge d'autant plus que le problème de commercialisation se pose, dit-on. Et dire que le miel est à 3 000 dinars le kilo! En matière de contrat de performance, le dernier bilan du ministère fait ressortir la wilaya de Batna au premier rang avec un taux de croissance de l'économie agricole de plus de 32,9 % pour l'année 2011 par rapport à 2010, croissance linéaire depuis 2009. L'évolution du produit brut global agricole des trois dernières années est de 25,6 millions de DA en 2009, 39 millions de DA en 2010 et de 50 millions de DA en 2011. Le taux global de réalisation par rapport à l'objectif du contrat de performance (2011) est de 60 % production animale et végétale cumulées. Il est à noter que la classification de la wilaya par filière par rapport aux autres wilayas du pays se situe entre un et quatre pour toutes les filières, tout en notant que Batna participe au processus de sécurité alimentaire dans la quasi-totalité des filières. 30 000 agriculteurs sur le terrain Partant de cette situation et afin de garantir une continuité, une durabilité et une efficience pour le développement économique de la wilaya, les autorités de cette dernière, avec comme architecte le directeur des services agricoles, M. Grabsi, ont mis en place une stratégie appropriée au rythme du développement qui s'appuie sur le secteur agricole en sa qualité de moteur de développement. Cette stratégie réserve à l'agriculture le rôle de principal créateur de richesses qui doit agir par effet induit sur les secteurs en amont, en aval et autour de lui. C'est ainsi que le premier responsable de la wilaya a été l'initiateur d'un séminaire pour la promotion de l'investissement et la mise en place d'une carte et d'un schéma directeur d'investissement. Cette carte propose à tous les opérateurs désirant s'intégrer à une nomenclature qualifiée par filières dans des zones appropriées ouvertes à l'investissement tant au sein du secteur agricole que pour les autres secteurs. Ceci s'avère de plus en plus nécessaire et primordial pour un secteur agricole réalisant des excédents au niveau de certaines zones et filières entre autres abricot, pomme, miel ... En matière d'encadrement, le secteur de l'agriculture redéploye ses dispositifs tant en soutien financier qu'en direction des autres domaines. Le déficit enregistré en électricité agricole, en irrigation, amenée d'eau et en matière de désenclavement sera pris en charge au fur et à mesure de la concrétisation des nouveaux projets afin de rattraper le retard et surtout renforcer la production agricole. Le renouvellement des instances de la chambre d'agriculture et sa restructuration a permis aux pouvoirs publics de tracer un programme de professionnalisation de l'agriculture où chaque filière devra s'ouvrir à son environnement immédiat. Les travaux des ateliers lors du séminaire ont recommandé à chaque filière la création de comités locaux interprofessionnels au niveau des daïras et communes regroupant les secteurs à la base pour réflexion, dialogue...et surtout une force de proposition aux pouvoirs publics. À cet effet, une enveloppe de huit (8) milliards de dinars est mobilisée pour les premiers projets. Enfin, le renforcement des capacités humaines et techniques, mobilise l'attention des services agricoles qui axent l'intervention sur les filières de base pour la formation d'agriculteurs et cadres sans pour autant négliger la communication et la vulgarisation. Le directeur des services agricole, M. Grabsi Lyamine précise sur ce registre qui n'est pas des moindres, que pas moins de 9 000 agriculteurs et 200 cadres ont été touchés de façon répétitive depuis l'avènement du PNDA. Ainsi, de grands efforts sont déployés pour assurer la formation, la vulgarisation et le perfectionnement de près de 30 000 agriculteurs eSt surtout réussir l'opération portes ouvertes sur le renouveau de l'agriculture à travers les 21 daïras et 61 communes de la wilaya.