Achira Mammeri/tsa/ La décision ressemble à véritable coup de force. Salah Goudjil a été « démis » de ses fonctions de chef du Mouvement de redressement et d'authenticité du FLN et remplacé par Abdelkrim Abada, a annoncé ce dimanche ce mouvement dans un communiqué. La décision a été prise le 15 avril dernier à Draria, dans la banlieue ouest d'Alger, lors d'une réunion des coordinateurs de wilaya du mouvement de redressement. Le communiqué des redresseurs explique ce changement par l'échec des négociations menées avec l'aile du secrétaire général du parti, Abdebaziz Belkhadem, pour la confection des listes communes aux législatives du 10 mai. La même source ajoute que le changement s'impose au vu « de la nouvelle mission confiée au mouvement de redressement du FLN » de rallier le mouvement de protestation initié par des membres du comité central du parti. Contacté par TSA, le nouveau coordinateur du mouvement de redressement, Abdelkrim Abada, a fait un lien direct entre le départ de son prédécesseur et la colère qui ronge les redresseurs. Les militants « ont fait les frais » de l'échec des discussions entre Belkhadem et Goudjil avant les élections, affirme Abada : « La démarche de Belkhadem n'était pas sincère. Il a voulu gagner du temps et il a réussi puisque aucun militant redresseur ne figure sur les listes du FLN » aux législatives. Plus blessant encore pour les redresseurs, aucun d'entre eux n'a pu se présenter comme indépendant. « Pris par le temps, beaucoup de militants n'ont n'a pas pu présenter de dossiers de candidatures dans les délais, ce qui a créé un grand désarroi, aussi bien au sein de la base qu'au niveau de la direction des redresseurs », soutient‐il. Abada parle d'une nouvelle étape qui sera franchie par son mouvement avec le ralliement des redresseurs à la démarche des contestataires du Comité central qui exigent le départ d'Abdelaziz Belkhadem de la tête du parti. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les membres du CC pour mettre fin au règne de Belkhadem », a‐t‐il dit. Goudjil n'est pas informé Cet engagement franc et inconditionnel semble être derrière le départ précipité de Goudjil. Joint par téléphone, ce dernier, très surpris, avoue n'avoir pas été informé de la décision relative à son éviction de la coordination générale du mouvement de redressement. « Je suis en campagne à l'intérieur du pays. Je n'ai pas pris part à la réunion du 15 avril et aucun responsable au sein du mouvement ne m'a fait écho d'un changement à la tête de la coordination », a‐t‐il déclaré à TSA. Goudjil qualifie cette décision « d'irresponsable ». « Nous sommes en période de campagne électorale ; il n'est pas, à mon sens, responsable de procéder à des changements alors que tous les efforts devaient être mobilisés au profit du soutien de nos candidats ». Goudjil révèle à TSA « une différence de fond » sur l'approche à adopter dans la gestion de la crise au FLN. « J'ai dit clairement qu'au FLN, le problème, ce n'est pas seulement Belkhadem. Tout rapprochement avec les membres du CC doit se baser sur la plate‐forme de revendications qu'ensemble, au sein du mouvement, nous l'avons élaborée ». Une approche qui ne fait pas l'unanimité au sein des redresseurs, notamment ceux proches de Abada qui ont manifesté leur soutien aux opposants de Belkhadem au sein du Bureau politique et du CC. Par ailleurs, notre interlocuteur a estimé que la décision du Bureau national du mouvement de redressement n'a aucune valeur : « officiellement je n'occupe aucune fonction. Mais je suis chargé de mission ». Une mission qu'il compte poursuivre, du moins durant cette campagne électorale. Abada figure parmi les personnalités pressenties pour prendre la place de Belkhadem.