Bien triste que ce mois de mars 2003 durant lequel Naïma, jeune fille, du haut de son 1,63 m avec sa frimousse avenante, s'était prise d'amour pour El Hadi L., de 7 ans son aîné. De la relation qui allait naître aussitôt le premier contact entrepris dans ce restaurant de Dréan (El Tarf) où elle travaillait, Naïma espérait mettre un terme au calvaire quotidien qu'elle endurait. Un calvaire fait des sarcasmes des voisins et des proches aggravé par le cinglant « vielle fille » asséné à chaque fois par sa mère. Pour ne plus avoir à entendre ce qualificatif combien redouté des jeunes filles en âge de se marier et qui ne trouve pas mari, elle était prête à tout. C'était ce qu'avait voulu faire comprendre l'accusée aux membres de la cour avant d'ajouter : « Il fallait que je trouve le compagnon de ma vie pour mettre un terme à mon calvaire, monsieur le président. El Hadi s'est présenté. Il m'avait promis le mariage. J'ai cédé à ses avances. Je ne pouvais pas me douter que pour lui, je ne représentais qu'une passade », répétait-elle à la barre de l'audience. En parlant, elle donnait l'impression de revivre ces moments passés dans cette bicoque qualifiée de restaurant à Dréan. C'est là où elle trimait du petit matin jusque tard le soir, avant de rejoindre El Hadi pour l'écouter promettre. Elle parla aussi des rues et de la corniche de Annaba, de ses rêves au bras de son amant. Elle se voyait déjà en robe de mariée dans un cortège nuptial attendant de revivre les fugueuses étreintes de son amoureux. De promesses de mariage en étreintes, parfois brèves et parfois longues, les jours passèrent. Naïma savait qu'elle avait perdu sa virginité mais ne jugea pas utile de prendre ses précautions pour éviter l'enfer qu'elle allait vivre par la suite. « Et pourquoi l'aurais-je fais, Monsieur le président ? El Hadi me renouvelait chaque jour et à chaque rencontre sa promesse de mariage. Je me suis aperçue qu'il mentait le jour où je lui ai parlé du retard de mes menstruations. Il avait pali puis, après avoir lu le test de grossesse confirmant que j'étais enceinte, il m'a dit qu'il fallait avorter », ajouta Naïma, la tête baissée comme pour ne pas avoir à rencontrer le regard de sa mère et de son frère également cités à la barre des accusés. Puis elle poursuivit sa narration des faits ! « Je n'ai revu El Hadi que sept mois plus tard pour lui rappeler une nouvelle fois ses engagements de mariage eu égard à son enfant que je portais. C'était peine perdue jusqu'au 11 janvier 2004, quand à 3h, les douleurs de l'accouchement firent leur apparition. Je suis montée toute seule à la terrasse alors que tout le monde dormait. Après plusieurs minutes d'atroces souffrances, j'ai accouché d'une fille », des larmes secouèrent le corps frêle de Naïma. Elle se donna le temps de reprendre son souffle avant de poursuivre sous les regards attentifs des membres du tribunal criminel devant lequel elle comparaissait : « Personne ne m'a aidée au moment de mettre le corps du bébé dans un sachet en plastique Monsieur le président. Le cordon ombilical s'est coupé naturellement. Mon frère n'avait fait que porter, à ma demande, ledit sachet à la décharge publique pour le jeter. » Avant de rejoindre le box des accusés, son regard s'illumina comme quelqu'un qui venait de se décharger d'un lourd fardeau. Appelée à la barre, sa mère nia catégoriquement avoir été mise au courant de la grossesse de sa fille. Comme elle nia avoir coupé elle-même le cordon ombilical. Quant au frère de Naïma âgé de 9 ans, il dira, les larmes au yeux : « J'ai jeté le sac dans la poubelle. » Avant de requérir 5 ans de prison ferme contre Naïma, le représentant du ministère public a axé son réquisitoire sur la naissance du bébé. Selon lui, celui-ci était né vivant. Plaidant l'innocence de sa cliente, l'avocat de la défense avait demandé l'acquittement alors que le juge a prononcé 4 ans ferme.