Pour la 4e édition du festival international des danses populaires de Sidi Bel Abbès, la maison de la culture a pris l'initiative d'obtenir de son commissariat que les troupes participantes fassent le détour par Aïn Témouchent pour s'y produire. Ainsi, à ce jour, huit compagnies, à raison de deux par soirée, ont redonné vie au théâtre de verdure du jardin public. Toulouse et une troupe du Mali ont démarré ce festival bis à une soixantaine de kilomètres de la capitale de la Mekerra. Deux jours auparavant, hors ce programme, le groupe Musgana d'Espagne a donné à goûter la musique traditionnelle castillane, teintée d'une touche de modernité dans ses rythmes et sonorités médiévales et celtiques, avec pour instruments de base une flûte, un accordéon, un petit tambour et une cornemuse. Le 26 juillet, la compagnie Maribel a enchanté avec ses musiques, chants et danses des pays catalanos-aragonais. Tout autant que l'orchestre, les danseurs évoluaient habillés de fastueux costumes, typiques des régions représentées : la Catalogne, les Baléares, Valencia et Aragon. La compagnie Oscar, de Syrie, a énormément déçu. Elle n'avait rien du professionnalisme des autres troupes. Sa prestation n'était même pas digne d'une fête de patronage. En somme, une insulte au public algérien par les apparatchiks de la culture au pays de la « Syrie El Assad », selon la formule de l'accompagnateur de la troupe, un préposé du parti baath. Heureusement, le lendemain, le feu d'artifice a repris avec les Polonais et les Serbes. L'envoûtement était garanti avec les chants à capella ou des musiques endiablées avec des danseurs en verve et leurs chatoyants costumes volant au vent. Au bout du compte, pour d'aucun, les superbes prestations des danseurs et des orchestres, leurs prenants chants, les inconnues mais charmantes sonorités musicales et les ravissantes chorégraphies ont constitué bien plus qu'une occasion de bienheureuses sorties nocturnes pour les familles. En effet, pour une population qui sort d'une décennie noire, encore ligotée dans l'étau d'une idéologie rétrograde, victime d'elle comme d'une répression qui tacle toute manifestation de vie originale, ces soirées constituent une véritable thérapie grâce à la confrontation à l'autre, au corps de l'autre, un corps qui s'exhibe dans ses déhanchés et qui se dénude l'instant d'une farandole dans le froufrou de ses jupons. Signe fort révélateur, les quelques égrillards cris d'un juvénile public ravi de l'apparition d'un galbe se sont vite tus : l'art ne pouvait qu'étouffer les instincts bestiaux et imposer l'admiration respectueuse de la beauté.