Lors d'une conférence-débat animée hier à Draâ Ben Khedda, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger les maires ayant participé dernièrement à la rencontre organisée avec le président de la République. « La réunion organisée par le chef de l'Etat avec les présidents d'APC est une honte. Ces maires ont trahi la population qui vit dans des conditions de misère intenables. Ils ont été traités comme des prisonniers. D'ailleurs, ils ont été transportés comme des écoliers », a-t-il laissé entendre avant de poursuivre, toujours dans le même contexte : « Ils leur ont fait croire que le chef de l'Etat allait annoncer l'augmentation de leurs salaires. » « Pour nous, au FFS, nous avons fait notre choix : le boycott, car il y avait un enjeu important derrière cette rencontre. Le pouvoir veut réduire le rôle du maire à celui de simple fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, une manière d'infantiliser la politique », a ajouté encore l'orateur. Commentant les derniers développements de l'actualité nationale, M. Tabbou relève qu'« il n'y a pas de volonté de changement et d'aller de l'avant » car, selon lui, « tout se fait pour détruire le moral des citoyens ». « Avec autant de barricades et de barrages, le pouvoir veut casser le moral des Algériens pour en faire un peuple passif et incapable de réagir. Nous sommes dans un pays où il n'y a ni Constitution ni chef d'Etat. Il y a seulement un système caractérisé par l'art d'organiser le désordre pour casser la société », a-t-il fait remarquer. Pour étayer ses propos, le premier secrétaire national de la formation de Hocine Aït Ahmed dira : « Aujourd'hui, l'Etat est otage d'une mafia organisée. Il y a nécessité d'assumer l'échec de toute la politique menée par le pouvoir jusqu'à présent. D'ailleurs, avec autant de richesse, le pays n'arrive pas à décoller. » Par ailleurs, l'éventuel nouveau découpage administratif n'est pas du goût de Karim Tabbou, qui l'assimile à « une nouvelle restructuration archaïque et maffieuse du système », qui conduira inéluctablement, insiste-t-il, les citoyens à réhabiliter le système d'organisation tribale ancienne. Abordant un autre sujet, à savoir le procès des assassins présumés de Matoub Lounès, Karim Tabbou estime que « ce procès connaîtra un scénario similaire à celui de Khalifa », qui va se terminer par « la condamnation de quelqu'un qui est déjà condamné ». « Nous continuons à demander une enquête sérieuse qui peut aboutir à l'éclatement de la vérité sur l'assassinat de Matoub », a-t-il souligné.