Les habitants des villages d'Ighil Oumced, Lazib et Felden, dans les communes d'Akbou et Chellata (Béjaïa) ont fermé hier la RN 26 à la circulation automobile au lieu-dit Taharacht, pour dénoncer le « bradage » par les héritiers Benalycherif des terres qui leur ont été restituées par l'Etat. Cette énième manifestation a malheureusement dégénéré en fin de journée puisque certains contestataires en colère ont mis le feu à une bâtisse privée en construction appartenant à un industriel local auquel il est reproché, selon un témoignage recueilli sur place, d'avoir transgressé les mises en garde émises par ces villageois en acquérant une partie de ces terres litigieuses. L'incendie a été vite maîtrisé par l'intervention de citoyens volontaires avant qu'il ne fasse de gros dégâts. « L'annulation de la décision de restitution de ces terres aux Benalycherif et l'ouverture d'une enquête dans ce sens constituent nos principales revendications », nous dira un représentant du village d'Ighil Oumced. Une restitution promulguée, pour rappel, par l'ordonnance 95-26 du 25 septembre 1995 portant restitution des terres agricoles à leurs propriétaires originels après qu'elles eurent été mises sous l'autorité de l'Etat depuis l'indépendance. Les manifestants conditionnent la réouverture à la circulation de cet important axe routier par la présence du wali de Béjaïa sur les lieux en vue de lui soumettre leurs doléances. Les héritiers Benalycherif ont, quant à eux, publié dernièrement dans la presse une mise au point dans laquelle ils dénient aux contestataires toute propriété juridique sur le foncier en question en estimant que « les actes de déstabilisation et les propos calomnieux dont nous faisons l'objet, relayés depuis peu par le président de l'Assemblée populaire de wilaya de Béjaïa, cherchent à remettre en cause notre droit de propriété concernant des terres situées dans la daïra d'Akbou en dénonçant, notamment, la légitimité de l'acte étatique de restitution de celles-ci ». Cette première réaction médiatique de leur part n'a apparemment pas eu l'écho qu'ils espéraient puisque les habitants de ces villages viennent, cette fois-ci, de nouveau de monter en force au créneau.