Pas de date de mise en service du métro d'Alger. Amar Tou évite de tomber dans le piège des délais de réception qui risquent de ne pas être respectés. En visite hier sur site, le nouveau ministre des Transports s'est effet montré prudent. M. Tou, qui fait sa première sortie en sous-sol à Alger, préfère n'annoncer aucune date de mise en service du métro. Il laisse cela pour le prochain rendez-vous qu'il donne aux journalistes, en novembre. Soit à un mois seulement de la fin 2008, année donnée pour la mise en marche de la première ligne de ce fameux projet trentenaire. Le ministre, qui affiche une certaine satisfaction quant à l'avancement des travaux, ne semble pas sûr que la première ligne de 9 km, allant de la Grande-Poste à Haï El Badr, soit opérationnelle en été 2009, comme annoncé en juin dernier par Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales. Depuis sa relance en grande pompe en 2003, plusieurs annonces officielles ont été faites sur l'achèvement des travaux et la mise en service de ce métro, dont le délai de réalisation semble être le plus long au monde. En 2007, l'ancien ministre des Transports avait affirmé que la première ligne « sera prête en septembre 2008 ». On est à un mois de ce délai et le bout du tunnel est encore plus loin que prévu. Sur les stations que comprend la première ligne, seule celle de la cité Mer et Soleil est en phase finale. Les travaux sont à des niveaux d'avancement différents dans les autres stations. Il faut dire que le tronçon le plus avancé est celui d'El Hamma-Haï El Badr, avec ses 4 stations, et 17 autres ouvrages pour la ventilation et les câbles. Les travaux de génie civil concernant le forage et la pose des rails ont été officiellement achevés le 30 juin 2007. « La gestion transparente… » La pose et la soudure des voies sur une longueur de 23 km (jusqu'aux dépôts), entamées en avril 2007 par l'entreprise française Travaux Sud-Ouest France (TSO), sont également achevées. Aussi, l'infrastructure devant servir de station de maintenance des 14 rames qui sont en construction en Espagne par l'entreprise CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles) est bien avancée, ainsi que le centre de commandement centralisé à la fois du métro et du tramway, constate le ministre. La gestion du métro ainsi que du tramway a été confiée à la Régie autonome du transport de Paris (RATP-Développement) qui gère actuellement le métro de Paris mais aussi le tramway. Si l'on parle de la mise en service du métro dans un an, il reste que le prix du ticket n'est pas encore fixé. Du moins, c'est ce qu'a avancé le ministre hier. Il a précisé cependant que l'Etat algérien n'inventera rien en la matière, il va copier sur ce qui se fait à l'étranger. « Mettre en pratique ce que font les autres pays en matière de tarification des tickets. Si nous constatons que ce prix doit être soutenu, il en sera ainsi », a-t-il répondu à la question d'un journaliste, ajoutant que « les dispositions introduites dans la loi de finances complémentaire 2008 devraient assurer un bon démarrage de ce moyen de transport (métro). Lorsqu'on se mettra à gérer le fonds d'affectation spécial, on vous garantira une gestion transparente ». M. Tou explique que « pour obtenir le prix approximatif du ticket, nous devons terminer les travaux et calculer le coût exact de ce projet et voir quelles sont les capacités des voyageurs ». Comment donc le gouvernement a-t-il décidé d'instaurer une taxe sur l'achat de tout véhicule neuf pour soutenir le prix du ticket, notamment du métro et du tramway ? Les pouvoirs publics n'ont-ils pas anticipé en instaurant des taxes pour soutenir les prix des transports en commun ? Le ministre répond autrement et dit que « l'Etat a fait l'inverse, il a prévu des provisions pour soutenir le ticket ». Pour rappel, la réalisation du système intégral a été confiée au groupement constitué des entreprises françaises Siemens Transportation Systems pour la pose du matériel fixe, la signalisation et l'électrification, Vinci Construction Grands Projets pour le génie civil, ainsi que l'entreprise espagnole CAF pour le matériel roulant. Le groupement utilisera la technologie Trainguard MT CBTC déjà mise en œuvre sur les lignes 1 et 14 du métro parisien. Le système intégral englobe la totalité des installations techniques devant équiper cette ligne sur une dizaine de stations. 150 millions de voyageurs par an Outre l'acquisition de 14 rames, il y a l'installation de la signalisation à base numérique de 23 escaliers mécaniques et des postes de commande centralisés. Le métro d'Alger permettra le déplacement de 41 000 voyageurs/heure, soit 150 millions de voyageurs/an avec des intervalles d'exploitation allant jusqu'à moins de 2 minutes. D'une vitesse de 70 km/h, le métro sera ouvert de 5h à 23h. Imaginé en 1975, le projet du métro d'Alger prévoyait un réseau de 64 km. Après la finalisation de cette première ligne, les travaux d'extension vont être lancés, a affirmé le ministre. Des avis d'appel d'offres ont été déjà lancés pour la réalisation d'un tronçon de 4 km entre Bachdjarrah et El Harrach, composé de 4 stations et d'un viaduc de 250 mètres au-dessus de la bretelle d'autoroute de Oued Ouchaïah. Le groupe Gaama, qui a réalisé le premier tronçon, a fait une offre de 250 millions d'euros comprenant la réalisation d'une station multimodale (métro/train/bus/taxis) au niveau de la gare ferroviaire d'El Harrach. Deux autres extensions de la première ligne sont prévues à l'horizon 2010 : de Tafourah vers la place des Martyrs et de Haï El Badr vers Aïn Naâdja. Deux autres lignes sont prévues dans un futur proche : Grande-Poste vers Bordj El Kiffan et Hussein Dey vers Dély Ibrahim. Reste à savoir si ces projets d'extension sont réalisables dans des délais acceptables…