Une première depuis le début du conflit : des troupes russes ont avancé hier en Géorgie, pénétrant hors des régions séparatistes pro-russes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Elles occupent désormais la majeure partie des territoires géorgiens. Elles ont pris le contrôle de Sénaki et de sa base militaire. Gori en Abkhazie est la deuxième ville détenue par les Russes. Au même moment, les troupes géorgiennes se sont repliées à Tbilissi pour défendre leur capitale. Selon le HCR, près de 80% de la population ont fui la ville. Le président géorgien accuse Moscou de vouloir occuper tout le territoire. Les combats durent et perdurent en Ossétie du Sud et dans la région d'Abkhazie. Moscou poursuit ses bombardements malgré le retrait total des troupes géorgiennes du territoire ossète, démenti par l'armée russe. Le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré hier que l'opération militaire en Ossétie du Sud touchait à sa fin. « Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, est contrôlée par un contingent russe de maintien de la paix renforcé », a-t-il expliqué à l'agence de presse russe Interfax. Pourtant, l'armée russe continue depuis hier à occuper la base militaire de Senaki et ses troupes se préparent à occuper la ville qui dépasse la zone des séparatistes d'Abkhazie et occupe également la ville de Gori, la plus grande ville géorgienne proche d'Ossétie du Sud. Les bombardements s'intensifient sur l'aéroport international de la capitale de la Géorgie, Tbillissi. Le camp géorgien s'active pour établir un cessez-le-feu tout en poursuivant ses frappes dans les deux régions séparatistes. Son président, Mikhaïl Saakachvili, a annoncé avoir signé un engagement de trêve en accord avec Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères français, lors de sa visite. Demain, cet accord sera proposé à Moscou. Cependant, la Russie a déjà fait savoir son refus sur cet engagement de cessez-le-feu. « Selon des informations des forces de maintien de la paix en Ossétie du Sud, la Géorgie continue d'user de la force militaire et nous ne pouvons donc pas étudier ce document », a dit un porte-parole du Kremlin. La persistance des frappes de l'armée russe agace les Etats-Unis, le premier allié de la Géorgie. Dimanche, lors de la réunion de l'ONU, le ton est monté entre les deux superpuissances. Outre les menaces diplomatiques et de sanctions, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Zalmay Khalilzad, a accusé les Russes de vouloir envahir la Géorgie. « Cela est complètement inacceptable et dépasse les bornes. La Russie doit affirmer que son but n'est pas de changer le gouvernement de Géorgie, démocratiquement élu et qu'elle accepte l'intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie », a déclaré l'ambassadeur américain. Le camp russe refuse les accusations américaines : « C'est complètement inacceptable, surtout de la bouche du représentant d'un pays dont nous connaissons les agissements en Irak, en Afghanistan et en Serbie. » Les réunions à l'Otan stagnent à cause du désaccord entre Américains et Russes. La Russie aura une réunion avec l'Otan Moscou a, par conséquent, réussi à avoir une réunion extraordinaire avec l'Alliance Atlantique Nord pour aujourd'hui. « La mission russe auprès de l'Otan a décidé ce matin de demander aux responsables de l'Otan de tenir un conseil extraordinaire Russie-Otan », a annoncé Dimitri Rogozine, le représentant permanent de la Russie auprès de l'Otan au cours d'une conférence de presse à Bruxelles. « Nous insistons pour obtenir cette réunion aujourd'hui. Une guerre est en cours et nos collègues doivent nous entendre avant de consulter leurs capitales et prendre des décisions. Ils doivent écouter chaque partie. Si nous sommes des partenaires, alors nous devons participer aux décisions. Ces décisions doivent être adéquates », a averti Dimitri Rogozine, le représentant russe permanent à l'ONU. Le diplomate ira même plus loin en refusant de discuter avec les autorités géorgiennes. Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, « n'est plus un homme avec qui nous pouvons avoir affaire. Il doit être puni pour avoir enfreint les règles internationales » et « il est responsable de nombreux crimes de guerre », a-t-il dit. Il accuse les dirigeants géorgiens d'être responsables d'un génocide. Par ailleurs il souhaite que les Etats-Unis ne prennent pas de décisions à l'encontre de la Russie. Les organisations internationales font pression sur Moscou pour obtenir une trêve. Le défilé des représentants des pays débute aujourd'hui avec le président français, Nicolas Sarkozy, et une délégation américaine.