Confusion n Moscou souffle le chaud et le froid en Géorgie. En dépit de la signature du plan de paix par le président russe, son armée s'enfonce en Géorgie, elle n'est qu'à 30 km de Tbilissi. Cette crainte de voir éclater de nouvelles violences dans l'ouest du pays a été accentuée aussi par une incursion de séparatistes abkhazes dans plusieurs villages géorgiens. Le ministère géorgien des Affaires étrangères a annoncé en fin de soirée samedi que des rebelles abkhazes, appuyés par les forces russes, ont pris le contrôle de 13 villages géorgiens et du terrain autour d'une importante usine électrique, proches du territoire séparatiste. «Des bandes armées du régime séparatiste abkhaze, aux côtés d'unités des forces armées régulières russes» ont occupé deux villages dans la région de Zougdidi, 11 villages dans la région de Tsalenjikha, et le terrain de la centrale hydroélectrique d'Enguri, sur la rivière Enguri, a indiqué le ministère dans un communiqué, sans apporter de précisions sur l'ampleur de cette opération abkhaze. L'usine électrique d'Enguri est gérée en commun par les Abkhazes et les Géorgiens et Tbilissi a précisé que la partie géorgienne se trouvait toujours sous son contrôle. Dans le centre du pays, des blindés et des chars russes bloquaient toujours hier soir, l'entrée principale de Gori, à 60 km de la capitale géorgienne, un nœud stratégique entre l'est et l'ouest de la Géorgie non loin de la province séparatiste d'Ossétie du Sud. De nombreux mouvements de chars et de véhicules blindés d'infanterie ont même été observés près d'Igoïeti, à environ 30 km de Tbilissi. Le président Medvedev a signé le plan en six points négocié par la France en vue de cesser les combats avec la Géorgie. Le président américain George W. Bush a estimé hier soir que la signature du plan de paix par la Russie était «une source d'espoir», tout en rappelant que les territoires séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud devaient continuer à faire partie de la Géorgie. «Il n'y a aucune discussion possible sur le sujet», a-t-il dit. Le conflit armé «disproportionné» entre la Russie et la Géorgie a été une véritable catastrophe pour les Géorgiens. Le prix payé par Tbilissi s'avère lourd, s'accordent à penser plusieurs analystes. Troupes étrangères massivement présentes sur son territoire, des séparatistes triomphants sur deux fronts, des milliers de vies brisées… La décision du président Mikheïl Saakachvili d'envoyer des troupes en Ossétie du Sud a non seulement plongé le pays dans une crise profonde, mais l'a aussi privé de têtes de pont dans ce territoire séparatiste, comme dans l'autre enclave rebelle pro-russe d'Abkhazie. Elle a même pu faire disparaître tout espoir de Tbilissi de reprendre un jour le contrôle de l'ensemble du territoire national. «Personne n'a pensé que cela pourrait aller si loin», déclare un analyste politique indépendant de Tbilissi. «Personne ne s'attendait à ce qu'ils (les Russes) bombardent des objectifs à travers la Géorgie et occupent la moitié du pays.» En fin de semaine, on ne voyait toujours pas quels territoires la Géorgie allait perdre, alors que les soldats russes contrôlaient des pans entiers du pays en dépit du cessez-le-feu signé, hier, par Moscou.