Un cessez-le-feu fragile semblait tenir hier entre Géorgiens et Russes après l'acceptation par les deux parties d'un plan de paix négocié par le président en exercice de l'UE Nicolas Sarkozy, Tbilissi accusant toutefois Moscou de déplacer ses chars sur son territoire. Aucun échange de tirs ou bombardement n'était signalé sur le terrain depuis l'annonce de l'accord dans la nuit de mardi à mercredi, mais le président géorgien Mikheïl Saakachvili a affirmé que «les forces d'occupation russes continuaient leur mouvement à travers la Géorgie en dépit du cessez-le-feu». «Les chars russes sont en mouvement, les forces russes ont un comportement extrêmement agressif. Elles achèvent un nettoyage ethnique de notre population», a dit M.Saakachvili. Le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa, a affirmé de son côté à la télévision que «cinquante chars et blindés russes» étaient entrés hier dans la ville géorgienne de Gori, proche de la république séparatiste d'Ossétie du Sud. Moscou a démenti immédiatement. «Il n'y a pas de forces de paix russes ni d'unités affiliées dans la ville de Gori», a déclaré un représentant de l'état-major des forces russes. On manquait toujours hier de renseignements précis sur les positions occupées par les forces de Moscou. Cependant, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que Moscou ne retirerait ses troupes de Géorgie que lorsque les soldats géorgiens auraient regagné leurs casernes. Comme prévu dans l'accord conclu, «après le retrait des troupes géorgiennes dans leurs casernes, (les unités militaires russes envoyées en renfort) retourneront sur le territoire de la Fédération de Russie. (...) Nos forces de maintien de la paix resteront en Ossétie du Sud», a déclaré le chef de la diplomatie russe devant la presse. En vertu d'un plan de paix parrainé par le président français Sarkozy et accepté mardi dernier par Tbilissi et Moscou, les militaires géorgiens doivent retourner «dans leur lieu habituel de cantonnement» et les soldats russes se retirer «sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités». Les forces géorgiennes «ont commencé à se retirer» d'Ossétie du Sud, mais pas de façon massive, a affirmé hier l'état-major de l'armée russe. La Russie dispose depuis le début des années 1990 de troupes de maintien de la paix en Ossétie du Sud, un territoire séparatiste pro-russe en Géorgie, au coeur du conflit actuel entre Moscou et Tbilissi. Elle souhaite maintenant que les forces géorgiennes s'éloignent de cette région, ainsi que de celle d'Abkhazie, un autre territoire séparatiste pro-russe en Géorgie. M.Lavrov a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de rediscuter du «statut» des territoires séparatistes de Géorgie, au niveau international, un principe rejeté par Tbilissi. L'Ossétie du Sud souhaite rejoindre la Fédération de Russie et l'Abkhazie être reconnue comme Etat indépendant. «Le statut n'est pas cité» explicitement dans la version finale du texte proposé par la France, mais discuter de la sécurité de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie «est impossible hors du contexte de leur statut», a dit M.Lavrov. Le document proposé par M.Sarkozy a été modifié à la demande de Tbilissi qui juge «inacceptable» de discuter du statut des deux territoires. Le président russe Dmitri Medvedev, consulté par téléphone, l'a accepté car cela «ne change rien sur le fond», a précisé le ministre russe. M.Lavrov a félicité le chef de l'Etat français pour son rôle de médiateur. «ous apprécions hautement le rôle que M.Sarkozy a joué en tant que président de la France et de l'Union européenne» a-t-il dit. Enfin, il a estimé que le rôle des observateurs internationaux en Ossétie du Sud et en Abkhazie devrait être «renforcé et orienté davantage vers la surveillance de possibles provocations de la part de la Géorgie». A l'étranger, le conflit russo-géorgien continue à susciter de nombreuses réactions, portant notamment sur le rôle à jouer par la communauté internationale. De nombreux pays de l'UE se sont dits favorables hier à l'idée de participer aux missions de maintien de la paix en Géorgie, à l'occasion d'une réunion de leurs chefs de la diplomatie à Bruxelles.