Il faut être armés pour oser sortir de chez soi la nuit », tels sont les propos lancés par un groupe de jeunes rencontrés lors d'une tournée que nous avons effectuée avec des éléments du groupement de gendarmerie de Bouira au niveau de quartier Ennamous de la localité de Ras El Bouira à la périphérie de la ville. En effet, les jeunes se plaignent de l'insécurité régnant dans leur quartier. La presse locale a été conviée par le commandant du groupement de la wilaya de Bouira à prendre part durant six heures, avec les éléments de la Gendarmerie nationale dans le but de connaître les conditions dans lesquelles les brigades de gendarmerie accomplissent leur mission. Nous avons été reçus au siège du groupement de Bouira par un commandant, en l'occurrence Allague Abderrahmane. Avant notre départ, ce dernier a donné un aperçu sur les différentes étapes de la mission. 13 h, départ du groupement ; deux patrouilles mises en place, une pour la sécurité routière, l'autre pour le radar. Le commandant, qui vient de rassembler ses éléments, a donné des instructions fermes avant le départ. Première destination, Aomar, une commune à 23 km à l'ouest de Bouira, les gendarmes dressent un barrage sur la RN 5. Pendant une heure, nous avons constaté de visu le travail qu'effectuent les gendarmes dans un barrage de routine. Bus de transport de voyageurs, véhicules particuliers, camions de gros tonnage. Au quotidien, les brigades de gendarmerie conjuguent leurs missions entre prévention et répression, sur les routes communales, nationales, et les autoroutes du territoire de la wilaya, les gendarmes veillent sur la sécurité routière. Le commandant explique : « Notre mission est simple. Il y a eu sur ce tronçon des accidents liés généralement à un excès de vitesse. En fixant un barrage ici, on réduira sans doute les accidents, tout comme le contrôle nous permettra aussi de découvrir s'il y a des véhicules volés qui sont fichés. Cette présence routinière s'inscrit aussi dans un rôle de prévention. » Les gendarmes sont sur le terrain, à des horaires différents. Les automobilistes le savent et en tirent les conséquences. 15 h c'est la deuxième étape, nous nous dirigeons vers la commune de Aïn Turk, précisément au niveau de l'impressionnant viaduc de Oued Rekham, un véhicule de la Gendarmerie équipé d'un matériel sophistiqué : c'est le radar. Le gendarme nous a donné des explications sur le fonctionnement de ce radar puis il passe sur un essai. Un véhicule est intercepté 109 km/h. Là, le gendarme donne le signal sur son poste radio pour faire arrêter le véhicule. Nous nous dirigeons en compagnie dudit cortège vers le véhicule intercepté. Les gendarmes ont pris les mesures nécessaires : retrait de permis immédiat et remise d'un certificat de circulation d'une durée de 48 heures. Il est presque 16 h, une pause au niveau de la compagnie de la gendarmerie. L'officier nous a annoncé que la troisième partie de la mission sera guidée par un autre commandant, une descente dans les quartiers de la ville, des ruelles susceptibles d'abriter des lieux de fléaux sociaux. Cette descente était guidée par un officier, en l'occurrence le commandant Gharbaoui. Notre destination était la localité de Ras Bouira, à quelques encablures de la ville. Un dispositif spécial a été mis en place, en notre compagnie un gendarme avec un chien tenu en laisse. Vitez c'est son nom. Le chien est spécialisé dans la détection des explosifs et autres drogues. En arrivant sur les lieux, les gendarmes ont commencé leurs fouilles, « les étals de tabac, généralement la drogue se vend ici », lance un gendarme. En sillonnant les ruelles de Ras Bouira, nous avons constaté de près l'état déplorable des quartiers. Routes délabrées, éclairage public défectueux, des bidonvilles dans plusieurs endroits, un état des lieux désolant. Pendant que les gendarmes fouillent des personnes susceptibles d'être des délinquants, nous avons approché quelques jeunes « comment vivez-vous ici ? », avons-nous demandé. « Nous avons besoin des services de sécurité, regardez aucune infrastructure n'existe, ni salle de jeux, ni aire de jeux, le lycée et le CEM sont implantés en ville, dans notre quartier il y a seulement cette mosquée… », déclarent-ils sans animosité. A défaut de commodités, les jeunes ne savent plus à quel saint se vouer et ce sont les fléaux sociaux qui occupent le terrain. Aucune arrestation n'a eu lieu, mais la présence quotidienne des gendarmes sur le terrain réduira sans doute le taux de délinquance. Après une mission de six heures sous un soleil de plomb, c'est le retour du cortège au niveau de groupement de la gendarmerie. En marge de notre reportage, les deux officiers ont animé un point de presse. A une question sur le dernier vol commis au niveau du parc communal de Bir Ghbalou (lire El Watan de 03/08/2008) et au cours duquel deux camions ont été volés, l'officier a répondu : « L'enquête est en cours, mais la piste terroriste est à écarter. » Par ailleurs, il a été annoncé qu'une lutte sans merci sera menée contre les fléaux sociaux.