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Wilaya de Bouira : Sour El Ghozlane perd son prestige d'antan
Publié dans El Watan le 23 - 09 - 2009

En ce début d'automne, notre destination a été pour le sud de la wilaya de Bouira, précisément la ville de Sour El Ghozlane, à 35 km du chef-lieu de wilaya. Pour s'y rendre, deux chemins s'offrent au visiteur : la RN8 passant par Bouira, Bir Ghbalou, et continuant vers la wilaya de M'sila. Le deuxième itinéraire est celui du CW127reliant Bouira à Sour El Ghozlane.
Une route très fréquentée par les camions de gros tonnage. Il est bon de préciser que ce chemin a enregistré plusieurs accidents, en raison de la densité de son trafic. Le dernier en date, remonte à la veille de l'Aïd, lorsque un camion de gros tonnage avait percuté de plein fouet une voiture de marque Peugeot 404, causant la mort au conducteur et des blessures graves à son fils. En dépit des travaux d'aménagement qui ont été effectués, récemment par la direction des travaux publics, les usagers de cette route continuent à revendiquer son extension. Pour nous, notre choix a été pour le plus court. Et nous voilà, lancé sur le CW127 en compagnie de Salah, un jeune âgé de 35 ans qui connaît la région comme sa poche.
En cours de route, notre guide ne pouvait guère s'empêcher de discourir sur la situation qui prévaut aujourd'hui dans cette région historique qu'il connaît bien. « A Sour El Ghozlane, les habitants endurent le calvaire généré par une situation de crise ». Sur un ton des plus pathétiques, il dira « la population manque de tout. Des familles continuent de déserter les villages, pour aller s'installer ailleurs, dans les grandes villes ». La ville, selon lui, a perdu même son tissu industriel. Avant de lancer « vous allez voir. Vous découvrirez, par exemple, du côté de l'usine de ciment, la première en terme de production à l'échelle nationale, le ciment est toujours cher… » Notre interlocuteur n'a pas manqué de révéler qu'un grand trafic règne à ce niveau. Il ajoute que même l'agriculture se développe à peine et la plupart des habitants abandonnent leurs terres à la moindre occasion d'aller se fixer ailleurs. A la rentrée de la commune d'El Hachimia, à une vingtaine de kilomètres au sud de Bouira, un point d'eau attire notre attention. Une source d'eau jaillisse en pleine nature.
Plusieurs carrières d'agrégats y sont implantées dans les alentours. Une dizaine de véhicules s'arrêtent. Ils s'approvisionnement en eau. « Les habitants de quelques villages s'alimentent à partir de cette source, ils souffrent eux aussi du manque d'eau », précise notre guide. Plusieurs citoyens rencontrés, venant des différents quartiers de la ville de Sour El Ghozlane affirment « dans nos quartiers, les robinets sont à sec, et les familles sont confrontées quotidiennement au manque d'eau depuis presque une quinzaine de jours. L'eau est douteuse, elle est de couleur jaunâtre dans les robinets ». Il est 10 heures. Nous voilà en ville. Sour El Ghozlane ne tire toujours pas ses habitants de leur torpeur. Alors que les températures ont baissé, mais le climat annonce d'ores et déjà une autre journée difficile pour les citoyens. Chômage, manque de structures pour les jeunes, délinquance, exode se sont généralement les mots qui reviennent sur toutes les lèvres des dizaines de citoyens interrogés. Leur témoignage prouve que la vie dans cette ville est aussi intenable que dans les localités rurales.
Sur les ruines de l'antique Auzia Evoquer le nom de Sour El Ghozlane, c'est se rappeler de ses ruines, ses sites historiques, la muraille avec ses bastions. La ville qui a enfanté les poètes Djamel Amrani, Kadour M'hamsadji et Arezki Metref. Tous ces poètes, auteurs, sont originaires de cette ville qui est plongée maintenant dans l'oubli et le marasme, comme l'attestent certains, et dans le bricolage confirment d'autres. Une tournée en ville, suffit pour vérifier l'authenticité de ces propos : il s'agit bien là, d'une vision hideuse qu'offre les différents quartiers de la ville construite sur les ruines de l'antique Auzia. Nous sommes dans la grande rue, on peut apercevoir, quelques échantillons de vestiges et leurs inscriptions latines. Le siège de l'APC, celui de la BDL et autres infrastructures datant de l'ère coloniale la flanquent de part et d'autre. Quelques heures plus tard, des gens commençaient à affluer, venant des autres quartiers, pour faire leurs courses. Des enfants venus des autres communes exposent leurs marchandises à l'instar de la figue de barbarie. « Nous sommes venus de Haïzer. Chaque matin, mon oncle nous dépose ici et il revient le soir pour nous récupérer, ça marche bien. Les gens aiment ce fruit. 100 DA le kg ». Les trottoirs sont squattés par des vendeurs ambulants, notamment au niveau de la place publique. Interrogés, de nombreux habitants répondent « il s'agit la, d'une anarchie ».
Un autre problème accentue de plus en plus la vie de quelque 53 000 âmes, c'est celui relatif à la pénurie d'eau potable. Sur ce, de nombreux habitants affirment qu'il s'agit de l'eau sale qui coule dans les robinets. Nous avons constaté de visu que l'eau est d'une couleur jaunâtre. La direction de l'Algérienne des eaux avait précisé que l'eau du barrage de Oued Lakhal est potable. Mais, les habitants « c'est impossible de consommer cet eau ». Par ailleurs, et certes, l'avis partagé par de nombreux citoyens de la ville, à Sour El Ghozlane aujourd'hui, force est de constater que la drogue, délinquance et autres fléaux gangrènent leur ville. Cette situation est due, selon nos interlocuteurs, aux conséquences du chômage. Sour El Ghozlane est une ville riche en sites archéologiques et ses vestiges datant de plusieurs époques. Pendant notre virée au niveau de l'ex- caserne datant des années 1800, notre guide nous affirme que plusieurs lieux sont transformés en lieux de débauche.
A l'ex-caserne par exemple, nous constatons de visu, des cannettes de bière et autres boites d'alcool éparpillées partout, dénaturant les lieux, elles font partie de son décor. Cet espace de quelque sept hectares abandonné, livré, occupé, par des délinquants, précisent-ils. « Difficile de circuler à la tombée de la nuit, puisque le risque d'agression n'est pas à écarter, des fois les éléments de la gendarmerie passent mais rien n'a changé », lance un jeune de passage. La situation est toujours la même. D'ailleurs, l'année dernière, nous avons rapporté dans l'une de nos éditions, la situation qui prévaut à ce niveau. Une année après le constat, la situation est toujours la même. Les quelques passants que nous avons rencontrés sur place dénoncent d'une voix unanime, cette situation accusant les pouvoirs publics de ne pas prendre les mesures qui s'imposent, « pourquoi ne se décident-ils pas à exploiter ce site ». Il est important de souligner, qu'au niveau de la direction de la culture de Bouira, un projet avait bel et bien été prévu pour l'exploitation dudit site, mais le lancement des travaux de restauration de tous les sites historiques traînent. Les responsables du secteur de la culture arguent le fait qu'il y a un manque de bureaux d'études qualifiés. Mais la situation est urgente au niveau de ces vestiges qui se dégradent de jour en jour.
Le chômage gagne du terrain
Ils ne savent plus quoi faire, ils sont de plus en plus nombreux, diplômés des universités ou sans niveau d'instruction. Les jeunes dont les langues se délient peu à peu, mis en confiance par notre approche, racontent leur calvaire. Rencontrés dans une cafeteria de la ville, le seul sujet qu'ils évoquent avec un mélange de fierté et de tristesse, c'est celui relatif à leur équipe de football. L'entente sportive de Sour El Ghozlane qui se bat dans des problèmes énormes. « Nous souhaitons avoir notre équipe en Nationale II, l'année prochaine, et de retrouver sa place en Nationale I, c'est notre objectif », nous dira Kouider, membre de l'association ESG. Un club, pour rappel, qui a enfanté de bons joueurs, à l'image de Lamouri Djediat qui a fait les beaux jours de l'Entente de Sétif et de l'Equipe nationale. Pour le reste, c'est sur un ton désabusé qu'ils ont observé : « Ceux qui sont pistonnés « liândhoum lektaf » ont décroché un poste d'emploi aux niveau des deux entreprises, soit la cimenterie ou Enad, mais pour nous, la seule alternative qui nous reste et à d'autres jeunes sans appui, sans relations dans cette société fondée sur l'inégalité sociale et la force, c'est d'aller voir ailleurs », lance un jeune de 25 ans. Face à cette situation lamentable et combien néfaste, s'insurge notre interlocuteur, une jeunesse fragilisée et livrée à elle même. Ainsi, la drogue. Chira, c'est le seul mot qui revient sur les lèvres de ce groupe de jeune rencontré aux alentours de la maison de jeune.
Les stupéfiants font beaucoup de ravages et des fois, ils sont vendus le plus normalement du monde en ville. « Les dealers sont partout à Sour El Ghozlane », affirme un jeune de 18 ans. Dans les quartiers, ou au niveau de l'ex-caserne et la pépinière, des jeunes s'adonnent à la drogue et autres stupéfiants sans la moindre gêne. « Ce n'est pas la marchandise qui manque chez nous, nous dira-t-il. Avec 50 DA je voyage ou je veux, l'ami. Que voulez-vous, c'est la misère qui nous y incite. Je ne travaille pas. Je n'y suis pour rien donc. Décrocher un poste permanent devient un miracle pour nous. Ecrivez que nous ne vivons plus, que nous sommes abandonnés à nous-mêmes sans espoir de nous en sortir », en colère, enchaîne un autre.
A défaut, d'infrastructures de taille « les jeunes dégoûtés s'adonnent à la drogue », s'inquiète un habitant, la soixantaine. Pour atténuer la situation de crise endémique, existant au niveau des autres communes relevant de la daïra de Sour El Ghozlane, les pouvoirs publics ont mis depuis presque une dizaine d'années en œuvre une politique de développement des zones rurales. Il s'agit entre autres, de projets inscrits dans le cadre des différents dispositifs, PPDR, et le PER11 qui touchent essentiellement les communes les plus déshéritées, notamment celles situées au sud de Bouira à savoir Ridane, Mamoura, Tagedit et Hadjra Zerga. Le PER II, projet d'emploi rural est cofinancé, pour rappel à 80%, par la Banque mondiale. En somme les habitants de Sour El Ghozlane, souhaitent que les pouvoirs publics aillent plus loin encore dans leur souci d'amélioration des conditions de vie de leurs quartiers et cela, par le lancement de projets structurants, notamment ceux destinés à la jeunesse.


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