Long et large voile que les femmes du Sud-Ouest algérien enroulent sur elles à la manière du haïk, « el melhfa » revient à la mode ces derniers temps, y compris chez les jeunes filles qui l'arborent comme le signe d'un retour déterminé aux habits traditionnels. Cet effet vestimentaire très ancien, long généralement de 4 m et large d'environ 1,5 m, est nettement dominant à Tindouf et dans les régions du Touat et de Gourara, mais aussi dans les lointaines Adrar, Reggane ou encoure Aïn Sefra. Il revient comme un sérieux concurrent de la djellaba ou du hijab, après l'abandon définitif du haïk, l'autre voile séculaire. « El melhfa », qui ressemble à s'y méprendre au sari indien, se caractérise par sa grande variété. Il y a celles simples que l'on consacre aux jours ordinaires et celles que l'on ne sort que pour les grandes occasions familiales ou religieuses et qui se distinguent par leurs différents tons et couleurs ainsi que par un certain raffinement. Cet habit, qui protège à la fois du froid et de la chaleur, se porte toute l'année par les jeunes et moins jeunes femmes, chacune selon son style, sa préoccupation du moment ou plus simplement son goût. Il va sans dire que les plus jeunes préfèrent les couleurs les plus vives et les plus attrayantes, celles qui, croient-elles, les feraient immanquablement sortir du lot. Par le passé, dames et jeunes filles du Sud-Ouest portaient une tenue unique : une large gandoura (abaya) composée de deux pièces en deux couleurs : le bleu et le noir. Désormais, dès qu'elles atteignent la majorité, les jeunes filles portent « el melhfa » et la gardent pour toujours. Dans l'ensemble, il n'existe pas de différence majeure dans la façon de porter cet habit. La seule différence réside dans le type de tissu utilisé pour sa fabrication. Aujourd'hui, il existe sur le marché local différents tissus et de très haute qualité. Cependant, on constate, selon plusieurs couturières de Béchar, des nouveautés dans la fabrication des « mlahef » introduites en fonction de l'évolution des goûts. A l'évidence, les goûts des jeunes filles de vingt ans ne sont pas ceux d'une dame de soixante ans. Le retour à cet habit traditionnel favorise, par conséquent, le développement de sa fabrication. Il symbolise également un attachement aux us et coutumes de même qu'il met en exergue la richesse et la diversité du patrimoine culturel et social local. Des expositions et des manifestations organisées périodiquement à Béchar contribuent, pour une grande part, au retour aux sources en matière d'habillement, à travers des associations et coopératives de femmes qui s'attellent à la confection d'effets vestimentaires s'inspirant des valeurs traditionnelles de la région. Il y a lieu de citer également le vêtement traditionnel « izar », une sorte de robe large, sans voile avec ou sans manches suivant les saisons, de même que les tuniques composées d'une chemise et d'un long pantalon de différentes couleurs vives ainsi que bien d'autres robes de cérémonie.