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El-Bayadh
Il était une fois le haïk
Publié dans Info Soir le 25 - 05 - 2005

Déperdition Symbole de la beauté féminine, le haïk m?ramma, de qualité supérieure, a fait l'objet de poèmes lascifs des cheikhs du chant malhoun.
Le haïk (voile blanc) porté par les femmes et ayant constitué depuis des temps immémoriaux l'une des caractéristiques culturelles des populations féminines de l'Algérie profonde, surtout à l'Ouest, au Centre et au Sud-Ouest du pays, est aujourd'hui en voie de disparition dans les régions les plus reculées, comme c'est le cas à El-Bayadh. Cet habit traditionnel, porté par les femmes à l'extérieur pour faire leurs emplettes ou se rendre en visites familiales et autres cérémonies, était même considéré comme porte-bonheur pour les jeunes mariées qui étaient drapées d'un long haïk, la nuit nuptiale, pour rejoindre le domicile conjugal.
Considéré également pendant de longues années comme symbole de la beauté féminine, le haïk m?ramma de qualité supérieure a fait l'objet de poèmes lascifs des cheikhs du chant malhoun, qui ont excellé dans la description de l'élégance au féminin.
Le haïk a inspiré les auteurs et chanteurs du wahrani et du raï, dont la chanson de Blaoui El-Haouari reprise par Khaled, qui compare la femme voilée à «un pigeon blanc», quoi de plus descriptif de la beauté féminine ? Le sujet du haïk a constitué aussi un corpus d'inspiration pour la chanson bédouine et la poésie populaire traditionnelle de la région Ouest du pays.
Le voile, chez la femme d'El-Bayadh, était considéré comme un symbole de continuité civilisationnelle et un héritage culturel à préserver de génération en génération.
Cependant, les changements et mutations sociales ont, petit à petit, ?uvré à changer certaines coutumes, dont le port du voile, mode oblige, même dans les contrées les plus conservatrices.
La conjoncture socio-politique des deux dernières décennies a aussi largement contribué aux changements culturels qui ont induit la disparition subite du haïk et son remplacement par un autre accoutrement, «plus conforme aux exigences», la djellaba féminine, notent des observateurs.
Cet habit est, en réalité, originaire du Maroc, porté comme un pagne par les femmes lors des manifestations et à l?occasion de fêtes. La femme d'El-Bayadh, à l'instar des ses semblables à travers plusieurs régions du pays, même si elle a abandonné le haïk, continue à lutter pour promouvoir sa place dans les milieux ruraux et dans le monde du travail et les cercles culturels.
Selon les mutations conjoncturelles et leurs conséquences, l'histoire de l'abandon du haïk n'est, pour les sociologues et anthropologues, «qu'un signe d'adaptation sociale à la modernité rampante, même aux fins fonds du pays, indépendamment de l'appartenance à une aire géoculturelle d'une population».


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