Une place a été baptisée en leur nom et une stèle érigée en leur mémoire. Le PDG d'Air Algérie demande à ce que la lumière soit faite sur ce drame. Ils l'ont fait et Piacenza le leur a bien rendu. Oui. L'équipage de l'avion cargo d'Air Algérie assurant le vol AH 2208 Alger-Frankfurt, mort le 13 août 2006 dans un crash au sud de Milan, s'était bien illustré ce jour-là par son geste héroïque et humain en évitant de s'écraser sur la ville de Piacenza. La conduite du commandant Mohamed Abdou, du pilote Mohamed-Tayeb Bederina et de l'officier mécanicien naviguant Mostefa Kadid était exemplaire aux yeux des habitants de cette ville et de la presse locale. Hier, c'était tous ces habitants qui leur ont rendu un vibrant hommage, à leur tête le maire de la ville, Roberto Reggi, en baptisant une place, située rue Via Marggioli, en leur nom et en érigeant une stèle à leur mémoire. M. Reggi, joint par l'APS, a exprimé la « reconnaissance de toute la communauté de la ville aux pilotes algériens ». Il a rappelé le récit de la mort de cet équipage, considérant qu'il « a eu le courage et le sang-froid nécessaires » pour conduire son avion en difficulté « vers le seul endroit où il pouvait ne pas faire de victimes ». A l'époque, la presse locale avait rapporté que le commandant Abdou et le pilote Bederina, constatant l'avarie d'un des quatre réacteurs de leur avion au-dessus de Piacenza, l'ont dirigé vers le seul espace non habité, coincé entre l'autoroute et l'un des quartiers les plus peuplés de la périphérie de la ville, effleurant les toits de certains immeubles. Par leur comportement, ces pilotes, que leurs familles pleurent toujours, sont devenus une sorte de légende pour les Italiens habitant cette ville et même ailleurs. « L'HUMANISME DES PILOTES » L'agence officielle APS a rapporté l'un des commentaires des médias au lendemain du crash : « Ils avaient refusé de sauter de l'appareil en perdition, préférant donner leur vie en sacrifice que vivre avec des morts sur la conscience, car l'avion abandonné à lui-même aurait certainement causé des victimes en s'écrasant sur cette région du sud de Milan densément peuplée. » Il faut dire que les Italiens sont marqués à jamais par le triste souvenir du crash du 6 décembre 1990 d'un avion militaire, un Aermacchi MB 326, dont le pilote s'était éjecté, laissant l'appareil s'écraser sur une école dans les environs de Bologne (Nord), faisant 12 victimes parmi les élèves et 74 blessés graves. Ainsi donc, pour eux, les pilotes algériens étaient regorgés de valeurs humaines. Pour M. Reggi, « ce qu'il faut retenir de l'accident, c'est cet humanisme qui a poussé ces pilotes à sacrifier leur vie pour sauver celles des habitants innocents de Piacenza ». Le PDG d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdellah, était présent à cette cérémonie de recueillement, louant de son côté la bravoure de ces trois pilotes et saluant par là même le « dévouement et les grandes qualités humaines » des pilotes algériens. « Nous nous recueillons à la mémoire de trois de nos meilleurs pilotes. Ils sont chers à leurs parents et proches. Ils le sont à Air Algérie », a-t-il déclaré. Cependant, le PDG d'Air Algérie a déploré que deux ans après l'accident, les causes de ce crash ne soient pas encore connues. Il a ainsi demandé à ce que la lumière soit faite sur ce drame.