Abdelwahab Bouabdellah a regretté que deux ans après l'accident, la disparition des pilotes algériens “demeure un mystère pour tous”. “Nous tous, employeurs, parents et alliés, souhaitons que la lumière, toute la lumière, soit faite sur ce drame”, a-t-il insisté. La ville italienne de Piacenza a rendu un vibrant hommage mercredi aux trois hommes d'équipage de l'avion-cargo d'Air Algérie qui s'étaient sacrifiés, il y a deux ans jour pour jour, en évitant que leur appareil ne s'écrase sur une zone d'habitations. Les autorités civiles de Piacenza, à leur tête le maire Roberto Reggi, ont ainsi baptisé une place, située rue Via-Marggioli, au nom du commandant Mohammed Abdou, du pilote Mohamed-Tayeb Bederina et de l'officier mécanicien naviguant Mostefa Kadid, et érigé une stèle à leur mémoire. M. Reggi, joint par l'APS, a exprimé la “reconnaissance de toute la communauté de la ville aux pilotes algériens”. L'équipage de l'Hercule C-130 du vol AH 2208 Alger-Frankfurt a “eu le courage et le sang-froid nécessaires” pour conduire leur avion en difficulté “vers le seul endroit où il pouvait ne pas faire de victimes”, a-t-il rappelé. En effet, d'après le récit de l'accident rapporté par la presse locale, le commandant Abdou et le pilote Bederina, constatant l'avarie d'un des quatre réacteurs de leur avion au-dessus de Piacenza, l'ont dirigé vers le seul espace non habité, coincé entre l'autoroute et l'un des quartiers les plus peuplés de la périphérie de la ville, effleurant les toits de certains immeubles. “Ils avaient refusé de sauter de l'appareil en perdition, préférant donner leur vie en sacrifice que vivre avec des morts sur la conscience, car l'avion abandonné à lui-même aurait certainement causé des victimes en s'écrasant sur cette région du sud de Milan densément peuplée”, avaient commenté les médias. Les Italiens ont le triste souvenir du crash, le 6 décembre de 1990, d'un avion militaire, un Aermacchi MB 326, dont le pilote s'était éjecté, laissant l'appareil s'écraser sur une école dans les environs de Bologne (Nord), faisant 12 victimes parmi les élèves et 74 blessés graves. Pour M. Reggi, “ce sont les valeurs humanitaires qui transparaissent au travers d'un comportement qu'il faut retenir de l'accident”. C'est cet “humanisme” qui a poussé les pilotes algériens à sacrifier leur vie pour sauver celle des habitants innocents de Piacenza, a-t-il relevé avec admiration. De son côté, le P-DG d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdallah, a salué, dans une allocution aux côtés du maire de Piacenza, “le dévouement et les grandes qualités humaines” des pilotes algériens. “Nous nous recueillons à la mémoire de trois de nos meilleurs pilotes. Ils sont chers à leurs parents et proches. Ils le sont à Air Algérie”, a-t-il dit. Le P-DG d'Air Algérie a, en outre, déploré que, deux ans après l'accident, ses causes ne sont pas encore connues et la disparition des pilotes algériens “demeure un mystère pour tous”. “Nous tous, employeurs, parents et alliés, souhaitons que la lumière, toute la lumière, soit faite sur ce drame”, a-t-il insisté. L'avion-cargo de type Lockheed C-130 L-382, assurant le vol AH 2208 Alger-Frankfurt (Allemagne), s'était écrasé le 13 août 2006 à 18h15 GMT (19h15 heure algérienne) à proximité de Piacenza, au sud de Milan. L'équipage était en contact avec le contrôle aérien de Milan, mais la liaison a été perdue pour des raisons inconnues, alors que l'avion descendait jusqu'à 13 500 pieds (4 100 mètres) et semblait tenter d'éviter un violent orage qui enveloppait la région. Quelques minutes avant l'accident, le pilote aurait signalé aux contrôleurs une perte de puissance sur un ou plusieurs moteurs. L'impact a été extrêmement violent et l'appareil a été totalement déchiqueté, avec des morceaux en feu éparpillés sur un large périmètre, selon les photos du crash encore disponibles sur Internet. Synthèse R. N.