Le siège du Parlement allemand, le Bundestag, installé dans le célèbre édifice du Reichstag, est devenu le nouveau symbole de Berlin réunifié. L'architecte britannique Lord Norman Foster, en mariant l'ancien avec le moderne, en a fait un bijou. C'est que Norman Foster est un artiste à la réputation bien établie. Ces derniers jours, il est revenu sur le devant de la scène avec l'inauguration en France du viaduc de Millau. Lauréat du prix Pritzer en 1999, le Nobel pour l'architecture, il est le concepteur de la tour de la Commerzbank à Francfort, la plus haute d'Europe. Le nouvel aéroport Chek Lap Kok de Hong Kong fait partie de ses œuvres. Et il planche actuellement sur le projet du nouvel aéroport de Pékin qui va détrôner celui de Chicago pour devenir le plus grand du monde. Norman Foster adore la transparence. Ses matières préférées : l'acier et le verre. Aussi s'est-il éclaté au Bundestag ! Une coupole-sphère avec deux rampes permet d'avoir une vue circulaire sur Berlin. De faible inclinaison, ces rampes offrent la possibilité aux visiteurs de monter jusqu'en haut. Au pied de la coupole, il est facile de regarder la salle plénière du Parlement. « Il est vrai qu'on n'entend rien, mais on peut voir les députés discuter », explique Anne-Marie, attachée de presse au Bundestag. Foster a fait en sorte que le peuple regarde ses représentants d'en haut. L'expression « Dem deutschen Volke » (au peuple allemand), qui trône sur le fronton de l'entrée ouest de l'édifice, réservée au public, est plus que jamais consacrée. Du haut de la coupole descend une « trompe », sous forme d'entonnoir, donnant à la forme architecturale une autre dimension. Avec ses 360 miroirs, elle réfléchit une lumière non aveuglante dans la salle plénière. Ce qui est déjà une économie d'électricité. La trompe évacue également l'air usé vers l'extérieur. L'air frais est ramené dans la salle à travers des puits d'aération situés dans les sous-sols. Le Bundestag est une attraction touristique. Devant l'entrée centrale, des files se constituent dès les premières heures du jour. En été, le nombre des visiteurs peut atteindre les 10 000 ! Le Bundestag ne ferme pas ses portes avant minuit. Nous avons, d'un seul coup, « une tendre » pensée à notre APN nationale. Le public assiste, à chaque plénière, aux débats. A l'entrée est, réservée aux visiteurs, défilent, de haut en bas, sur une barre électronique, tous les discours prononcés au Bundestag. Sur les murs, les graffitis, marqués au charbon, des soldats de l'Armée rouge laissés après la bataille de Berlin, en 1945, qui avait marqué la fin du régime d'Hitler. « Pour Leningrad, ils ont payé », a écrit l'un d'eux. A l'époque, le siège du Reichtag avait été incendié. En 1933, l'édifice avait été dévoré par les flammes avec l'arrivée des nazis au pouvoir. Le crime avait été attribué à un Hollandais communiste, Marinus van der Lubbe. Sauf que la venue d'Hitler signifiait la fin de la démocratie parlementaire. La reconstruction de la bâtisse, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, avait suscité une polémique sur « l'opportunité » de redonner vie à une structure qui symbolisait le règne de la terreur. Le débat s'était installé sur la nécessité ou pas de garder les inscriptions des soviets. « Nous les avons gardées pour l'histoire », nous dit Anne-Marie qui n'omet pas d'ajouter : « Hitler s'est suicidé non loin d'ici. » Le bunker où le Führer s'est donné la mort a été rasé. Comme le mur qui séparait les deux Berlin et qui passait à côté de l'édifice.
