Au centre commercial, sur la Friedrich Strasse, où se tient le Forum, l'estrade, réservée aux prestations artistiques, est située au milieu du hall. L'ambiance colorée de Noël y règne. Les constructeurs automobiles ont pris l'étage supérieur. La Touareg un nom bien de chez nous de Volkswagen y trône comme une reine. Autant que la Sharan, la New Beetle ou la Caravelle. La voiture du peuple (le sens de Volkswagen en allemand) semble bien se porter. Le constructeur vient de relancer la Golf GTI. Il envisage de fabriquer, en 2005, 215 000 véhicules du petit modèle Fox, fabriqué au Brésil, à vendre en Europe. Le chiffre est renversant : Volkswagen a annoncé avoir vendu 4,61 millions de véhicules entre janvier et novembre 2004, 1,6% de plus qu'il y a un an. Cela compense les faibles performances de la marque Audi. Autre constructeur allemand, Skoda, et au même forum, expose l'Octavia et la Superb. A 39 775 euros, la Superb semble bien porter son nom. Un peu plus loin, on arrive au niveau de la célèbre avenue Unter den Linden. Nous sommes au cœur de l'ex-Berlin-Est, de l'autre côté du mur. L'artère est longue d'un kilomètre et demi. Elle « démarre » de Schlossbrücke, où se trouve le fameux pont aux Chiens, à la Pariser Platz, la place de Paris, où s'élève la majestueuse porte de Brandebourg. L'Alte Kommandantur, palais du gouverneur de la garnison de Berlin jusqu'en 1945, annonce le début de l'avenue. L'édifice a été endommagé par les bombardements aériens lors de la Seconde Guerre mondiale. L'ex-RDA y a installé son ministère des Affaires étrangères. La bâtiment a été détruit après la réunification des deux Allemagnes. Le terrain vient d'être cédé au groupe de presse Bertelsmann, le premier dans le pays. Bertelsmann envisage d'y installer le siège de sa fondation. Ici, l'ambassade de Russie, la plus grande d'Europe, occupe un large espace. En face, le siège de l'Aeroflot, la compagnie aérienne russe, rappelle les temps « doucereux » de l'empire soviétique. La marche continue. Des deux côtés de l'avenue, des boutiques de souvenirs étalent leurs marchandises. C'est que l'endroit est le plus fréquenté d'Allemagne par les touristes qui arrivent par bus entiers. Les Japonais, avec des appareils photo accrochés au cou, restent fidèles à leur réputation. Loin de l'image stéréotypée, les touristes japonais sont, sans doute, les plus sympathiques du monde. Certains prennent des photos à côté du prestigieux hôtel Adlon. « Ici, logent les chefs d'Etat, de gouvernement et des personnalités internationales qui visitent Berlin », explique l'ami Hamza, allemand d'origine tunisienne, qui nous accompagne dans la visite. Décoré de rubans rouges, l'Adlon a rouvert ses portes en 1997. Mais l'établissement a presque cent ans puisqu'il a été fermé et restauré. Son style Art Déco est célèbre. Autant que ses jardins d'hiver et ses 43 suites et 290 chambres, certaines avec vue sur la porte de Brandebourg et sur la fameuse Pariser Platz. De forme carrée, cette place vous conduit directement à la porte de Brandebourg. Le quadrige de Napoléon La construction de cette place remonte à 1734 du temps du roi Sergent. La prise de Paris par les armées coalisées, dont celle de la Prusse, a été l'occasion pour donner le nom à l'endroit en 1814. A cette date, les troupes prussiennes retournaient au pays, avec, dans les bagages, le quadrige de la porte de Brandebourg, pris par Napoléon en 1806 (l'empereur français a installé ses troupes à Berlin jusqu'à 1813). La place a connu beaucoup de changements sur le plan architectural, passant du baroque au néoclassique. L'essentiel est que l'héritage historique de la place soit « concilié » avec la modernité. La place est coincée entre la maison Sommer au nord et la maison Liebermann au sud. A un jet de pierre de là, se dresse l'Eugen Gutmann Haus où est installée la Dresdner Bank, une véritable institution en Allemagne. A côté, se dresse le nouveau siège de l'ambassade de France, dessiné par l'architecte Christian de Portzamparc. Les Etats- Unis y ont installé aussi leur représentation diplomatique. La valeur symbolique y est pour quelque chose. A trois pas de l'ambassade de France, la chaîne américaine Starbuck's Coffee occupe un coin bien en vue. A côté, une immense banderole publicitaire de la compagnie aérienne britannique Easy Jet, l'une des moins chères du monde, sur laquelle des artères de Paris et de Bratislava (capitale de la Slovaquie, bijoux du Danube) sont représentées. Les avions orange d'Easy Jet, propriété d'un Britannique d'origine grecque, offrent des voyages low cost vers ces deux villes qui doivent faire des envieux à Air Algérie, en phase de devenir la compagnie la plus « chère » du monde. Au milieu de la Pariser Platz, un sapin de Noël est dressé auquel est accrochée une barre électronique sur laquelle défilent des SMS envoyés par des visiteurs et achetés à 2,60 euros l'unité. Les entrées seront versés à une fondation caritative pour enfants. Et puis, il y a, enfin, la porte de Brandebourg. La construction du mur de Berlin en 1961 a fait que cet édifice soit au cœur du no man's land, symbolisant la division de la ville et la séparation des deux Europe. La porte est ouverte pour la première fois le 22 décembre 1989, après la chute du mur, le 9 novembre de la même année. En traversant la chaussée, Hamza nous montre les traces du mur. Une simple ligne discontinue ! Comme si de rien n'était. L'avenue du 17 Juin, large, entourée du parc naturel Tiergarten, s'étale de tous ses 4,5 km de longueur pour aboutir à l'Ernst-Reuter-Platz et au siège du Bundestag (Parlement) et de la Chancellerie, un peu plus loin. L'avenue immortalise par son nom le soulèvement populaire de Berlin-Est en 1953, réprimé dans le sang, comme ce fut le cas à Prague et à Budapest. « En criant : paix ! » Chaque année, depuis 1995, la 17 Juin accueille les amoureux et mélomanes de la Love Parade, sans doute la rave party la plus « branchée » d'Europe. L'année dernière, ils étaient un million et demi à assister à cette grande messe de la techno où l'esprit « zen et free », un peu plus cool que « le peace and love », règne en maître. C'est que Berlin est une ville d'âme culturelle profonde, ouverte et sans tabous. Il y existe, par exemple,170 musées, dont 17 musées publics de la fondation Preussischer Kulturbesitz, 150 théâtres, dont le célèbre Berliner Ensemble, trois grands opéras, huit grands orchestres, avec l'orchestre philharmonique de Berlin qui n'est plus à présenter. Berlin est célèbre aussi par son festival international de film, par ses 210 maisons d'édition et par ses 25 radios dont la légendaire RBB. Au milieu de l'avenue du 17 Juin, s'impose la Der Rufer, une statue en bronze conçue par Gerhard Marcks, érigée en mai 1989, installée en face de la porte de Brandebourg . Elle représente un homme qui crie un message de paix. « Je vais à travers le monde en criant : paix, paix, paix ! », est-il écrit sur le socle. Tout un programme pour une ville qui semble avoir tourné définitivement la page de la guerre et des haches en l'air. Et puis, il y a le poumon de Berlin, Tiergarten, avec ses arbres et ses buissons, où, à la tombée de la nuit, des vendeuses de charme viennent « ramasser » de l'oxygène ! Cet ancien domaine de chasse est large de trois kilomètres. Le roi Frédéric Ier a fait de ce Bouchaoui berlinois un véritable parc qui s'étendait jusqu'à sa résidence d'été à Charlottenburg. Le paysagiste Peter Joseph Lenné a dessiné les espaces traversés de sentiers bucoliques et parsemés de lacs. Durant le blocus de Berlin, lors de la Seconde Guerre mondiale, Tiergarten a subi des détériorations qui l'ont défiguré. Après la guerre, à la fin des années 1940, un million d'arbres furent plantés, et la forêt-jardin a repris ses couleurs. Plus loin, avant que la nuit ne tombe, se détache, parmi les arbres, au niveau de la Scheidemann Strasse, l'impressionnant carillon de granit noir, haut de 42 m. Offert par Daimler Benz à Berlin, à l'occasion de son 750e anniversaire, le carillon est doté de 68 cloches. Par sa taille, il est le quatrième au monde. Il est 16 h passées. La journée s'est évaporée...