La pénurie de lait resurgit de nouveau à Tizi Ouzou. Il faut se lever tôt pour se procurer sa « ration » chez le commerçant du coin. Dans certaines localités de la wilaya, ce produit de large consommation n'est livré qu'une fois tous les deux ou trois jours. La crise perdure depuis plus d'une semaine, au grand dam des ménages. Une tournée effectuée, hier, à travers certains points de vente de la ville de Tizi Ouzou renseigne sur la rareté, voire l'absence du lait en sachet sur les étalages. Des commerçants interrogés à ce sujet ont indiqué qu'ils reçoivent la moitié de leur commande habituelle. Selon eux, la quantité de lait livrée par les camions frigorifiques de l'ex-Orlac de Draâ Ben Khedda est insuffisante pour faire face à la forte demande du marché local. Résultat : ils se voient obligés de recourir au rationnement en limitant la distribution à deux sachets par foyer. Mieux que rien. Les plus nantis peuvent toujours opter pour le lait en poudre, au prix fort de 200 DA le paquet. Pour en savoir plus sur les raisons de cette pénurie qui risque de s'inscrire dans la durée, nous avons pris attache avec la direction de la laiterie de Draâ Ben Khedda (ex-filiale du groupe industriel des productions laitières Giplait). Selon son directeur, M. Aired, c'est le manque de matière première qui est à l'origine de ce dérèglement du marché. « La laiterie de Draâ Ben Khedda approvisionne une population de 1,4 million d'habitants. Les affectations de matières premières par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) pour la production de 260 000 litres de lait par jour sont nettement insuffisantes par rapport aux besoins exprimés par nos 68 distributeurs, qui sont de 340 000 litres /jour », dit-il. Il ajoute : « Il y a une forte demande sur le lait vu que c'est le produit le moins cher sur le marché. Nos distributeurs sont spécialisés dans la distribution exclusive du lait de consommation aux commerçants détaillants, et ce quotidiennement. Sur la base des 260 000 litres/jour, les secteurs déjà approvisionnés souffrent cruellement d'un manque de cette denrée qui est la base de l'apport en protéines au niveau national. » Exhibant une pile de correspondances, M. Aired affirme avoir saisi, à maintes reprises, l'Onil pour demander l'attribution de quotas supplémentaires de matières premières. « Des inspections effectuées récemment montrent que les besoins exprimés par les détaillants sont supérieurs au quota qui nous est attribué puisqu'ils sont de l'ordre de 340 000 litres/jour. Nous avons attiré l'attention des parties concernées sur ce problème depuis 5 mois, mais rien n'a été fait à ce jour pour remédier à la situation », déplore-t-il. Il signale par ailleurs que les distributeurs sont approvisionnés sur la base d'une feuille de route retraçant la liste des détaillants desservis ainsi que les quantités de lait reçues par chacun d'eux.