Les associations des activités de jeunes Idles, Timegdal et CCJ d'Ouzellaguen, Albatros (France), Cacy et Tingo Gars (Bénin), ont présenté, du 5 au 18 août, une série de représentations théâtrales à travers la wilaya de Béjaïa sous le thème « Emigration, illusions et désillusions » . Une trentaine de comédiens et de danseurs des trois pays participants (Bénin, Algérie, France) se sont retrouvés depuis le 18 juillet dernier dans la commune d'Ouzellaguen et ont répété ensemble durant les 10 premiers jours, en formant une troupe artistique homogène sous la houlette du metteur en scène Djamal Abdelli. La maison de jeunes d'Ighzer Amokrane a abrité la première de ce spectacle haut en couleur, mardi dernier, sous l'œil subjugué d'une affluence nombreuse, littéralement envoûtée par les danses et chants africains. Un spectacle durant lequel les percussions du Bénin se sont particulièrement fait entendre. La trame de fond raconte l'itinéraire d'un groupe d'émigrants clandestins africains voulant rejoindre l'Europe, pour une vie meilleure. De passage en Algérie, ils rencontrent les harraga et décident d'embarquer dans la même galère. D'aventures en mésaventures, les rescapés atterrissent en France où les choses ne se passent pas tout à fait comme ils le souhaitaient. « Après une première expérience réussie au Bénin il y a deux ans, nous avions pensé faire dans la continuité en associant l'Algérie, d'autant plus que le phénomène harraga est d'actualité. Au-delà du rapprochement fraternel des peuples, l'objectif est de sensibiliser les candidats potentiels à l'émigration sur un voyage risqué et un eldorado utopique », nous dira Omar Chilla, le conseiller à l'insertion chargé de l'administration au sein de l'association Albatros. « La troupe présentera cette pièce théâtrale à Akbou, Chemini, Seddouk, Béjaïa, Tizi Ouzou et Alger avant de revenir se produire une dernière fois en plein air à Helouane, dans la commune d'Ouzellaguen. Si tout va bien », ajoutera notre interlocuteur. L'enchaînement des scènes est si fluide, l'interprétation des comédiens si accrocheuse et les chorégraphies si réussies, que les spectateurs n'ont pas vu passer les 55 minutes de pur plaisir qu'a duré le show. Un coup de maître, en somme, pour une première qui aura peut-être donné à réfléchir aux candidats à l'émigration présents dans la salle. Impression Djamal Abdelli , metteur en scène : « Nous avons monté ce spectacle en un temps très court. Faire évoluer et répéter 32 comédiens sur scène en 10 jours, n'a pas été vraiment facile mais je crois qu'on a relevé le défi. » Marguerite Salvi, chorégraphe : « Le public s'est montré très enthousiaste et très chaleureux. Nous sommes très contents de notre prestation où il y avait beaucoup de rythme. Le trac des comédiens s'est avéré finalement très positif et très stimulant. C'est vraiment un bon travail d'équipe qui a rendu le projet encore plus riche ». Mitchaï Maurice, directeur de la troupe CACY : « Je crois que nous avons été à la hauteur de la tâche qui nous a été confiée, pour montrer au public algérien que l'immigration est une désillusion. Ça s'est bien passé dans l'ensemble. On n'imaginait pas que ce spectacle allait drainer autant de monde à cette heure-ci de l'après-midi. » Bakhouche Arezki, membre de l'association Idles : « Nous sommes satisfaits du travail accompli et nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite du projet. »