A mesure que la voiture gravissait péniblement une route escarpée à donner le vertige, en s'étirant face au massif rocailleux, un décor s'installe pour nous suivre ; arbres, arbustes, troncs calcinés en rangées, s'éloignent. Passée l'ultime crête, un océan de verdure nous accueille avec ces giclées de bovins cessant de paitre en ruminant au repos. Une plaine sans arbres, éventrée par une route qui sépare le côté gouffre de celui du stade et de la piste d'athlétisme. A quelques centaines de mètres, le moteur semble reprendre le souffle et la température tend à la baisse. En ce week-end, la destination est prisée. Ils sont des dizaines, voire des centaines d'estivants à avoir opté pour une virée sur les hauteurs du Djurdjura. En automobile et à pied pour les riverains-notamment les jeunes-pour une destination aussi bénéfique qu'économique pour la petite bourse. La plaine d'Aswel est un havre de paix pour beaucoup d'habitués qui y trouvent leur compte. « Il y a toujours du monde et les week-ends un peu plus de vacanciers qui nous viennent de loin, fuyant le vacarme, le stress et les pollutions des villes pour un bol d'air pur, de l'eau fraiche et de la verdure », dira un gardien, comme pour nous rassurer. En ce vendredi, la chaleur d'enfer pointe dès l'aube son pic au mercure. On craint le pire. Une solution, néanmoins, des coins d'ombres et d'eau fraiche. Toutefois, on ne s‘étonne pas de voir quelques fausses notes agressant la nature : encore l'incivisme des estivants qui jettent leur déchets à tour de bras, là où ils ont pu se rafraichir quelques minutes auparavant. « Parcourant le chemin de la montagne vers Tikjda, nous ramassons une moyenne de 35 sacs pleins de bouteilles de bière », confie un jeune bénévole de l'association nationale Twiza, venu pour assainir et protéger l'environnement. Toute la journée est meublée entre les va-et-vient des familles entières, des enfants en excursion… déjeunant à même le sol et partageant leurs casse-croûtes avec les singes magots, en toute quiétude et faisant fi des panneaux d'interdiction de nourrir ces primates. Enfin on se perd un peu dans une avalanche de conifères : cèdres, pins…et autres espèces de plantes médicinales, avant de rentrer.