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La complainte du cèdre
Le parc national de Tikjda
Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2008

Laconique dans un jeu de forme morbide, voire grotesque, le cèdre tente maladroitement de jauger la montagne de Tikjda dans un dernier effort de dignité végétale. Les lames tueront des centaines de milliers de cèdres, mais aussi de nombreux chênes verts.
Le spectacle, qui Illuminait d'antan la montagne du Djurdjura, est monstrueusement lugubre. La neige a promis un effort pour apaiser les cicatrices laissées par un feu destructeur. Sur un chemin de route qu'empruntaient les colons de l'époque, les cèdres rescapés témoignent… La protection juridique du Parc national de Tikjda ne s'offre pas aussi facilement. Il faut le mériter. La petite route est escarpée par endroits, branlante par d'autres, peu soucieuse de la sécurité de ceux qui l'empruntent. Les nids-de-poule se font réservoirs de pluie et la montagne qui s'extirpe des feuillus bombe son torse rose de terre comme pour rappeler qu' elle est avant tout faite de roche. Sinueuse jusque dans les entrailles, la route est peu encline à guider la promenade. Parce que tortueuse et accidentée, il faut la caresser dans le sens du poil, l'amadouer pour montrer le chemin sans risque de faux pas ou de mauvais coup. Jalouse de l'imposture humaine, la route qui mène au Parc national de Tikjda oblige à un choix : la regarder et l'appréhender ou admirer la montagne.
La route, gardienne des secrets
Dilemme que quelques pauses pourront apaiser et permettront d'observer les cascades d'eau que la neige en fonte vient grossir. L'humidité qu'un nuage cotonneux vient envelopper sert de théâtre à une diaspora de sons, de bruissements qui rivalisent avec le silence. Quelques villages se nichent dans cet environnement isolé. Des peupliers dégarnis et clairs fusent dans un élancement luxurieux. Mais l'essentiel de la végétation est broussailleuse, épineuse et luxuriante. Les verts rivalisent et l'arrivée du printemps offre quelques touches violettes ou blanches à un paysage en grande majorité verdoyant. Des amas de neige écrasent quelques plantes trop frêles pour s'imposer. La route toujours aussi grincheuse s'élance et bascule par endroits dans un ravin sans fin et qu'aucun talus ne saurait amortir. Elle aboutira dans une sorte d'embranchement en contrebas et aménagée de sorte à offrir le repos. Son dédale dangereux finira là dans les bras accueillants de la forêt de Tikjda. Une forêt de cèdres, sombre, épaisse aux mille lumières et aux extraordinaires nuances. Dans ce parcours qui guide les promeneurs vers le Centre national de loisirs et de sport à l'armature bétonnée et aux couleurs qui jurent avec le paysage, le cèdre rescapé des incendies arbore une stature élégante sans être imposante. Le tronc marron, puissant et majestueux, est gracié par un bouquet d'épines tout en finesse. De la finesse dans du charisme, le cèdre est tout à la fois : délicat mais pas fragile, imposant sans imposture. Il se sait maître de la montagne mais caresse de ses épines délicates la face rugissante de son hôte enneigé en signe d'abandon. Ce versant là a échappé à la fumée, aux flammes. L'autre côté n'a pas eu la même chance et c'est un cimetière de troncs calcinés qui augure une facette montagneuse peu encline à découvrir ses laideurs. Le masque est tombé et des fantômes de cèdres noirâtres s'exposent dans une sorte d'impudique nudité comme pour choquer l'esprit. Comme pour témoigner des souffrances.
L'investiture des flammes
Les branches ballantes, le tronc creusé et élancé dans un dernier soubresaut, le cadavre du cèdre raconte que s'il avait pu fuir, il aurait fui. Figée dans l'espace, la carcasse semble en effet avoir été arrêtée dans son élan. Les services de la direction générale des forêts ont bien découpé une partie importante des troncs calcinés, il n'en demeure pas moins un paysage désolant et funeste. Le chêne vert a, semble-t-il, résisté aux jougs des flammes. Des repousses jaillissent sur le pourtour de l'arbre indiquant que la vie reprend son cours. Sur cette partie-là, la montagne n'est plus totalement dénudée, la végétation la recouvre comme la toison d'un duvet sur le crâne blondi d'un nouveau-né. Des petits cèdres pointent le bout de leur épine par endroits, promettant de prendre la relève et d'abriter à jamais les cicatrices laissées par leurs ancêtres calcinés et que la montage aurait préféré cacher. Complice, un épais nuage vaporeux viendra s'étreindre sur la balafrée, masquant sa gêne à découvrir son hideuse facette. Et à l'unisson, les arbustes, les repousses de chênes verts et les cèdres juniors s'affaisseront dans ce voile de blancheur cotonneux, heureuse couverture, que les rayons blafards du soleil ne réussiront pas à transpercer. Le Parc national de Tikjda a tiré son manteau sur ses secrets, laissant le soin aux chacals et aux singes de trouver refuge pour la nuit déjà tombée.


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