Merveilleuse, elle l'est certainement, féerique c'est peut-être peu dire pour la grotte d'Aokas, dont les formes et les couleurs dépassent l'enchantement. Une galerie de sculptures naturelles longue de 50 mètres environ et une voûte rocheuse qui s'étend en toile de fond. Nombreux sont les touristes qui se rendent curieusement à Aokas pour découvrir la beauté de cette grotte qu'une entreprise franco-italienne a découverte en 1963 lors des travaux de percement du tunnel. Elle se trouve à l'intérieur du Cap d'Aokas, dont le pied plonge dans la plage et vêtu d'une verdure qui lui donne toute sa beauté. Devant la porte de la grotte, c'est la bousculade. Après avoir payé le droit d'accès, fixé à 50 dinars, le visiteur doit attendre quelque temps pour pouvoir, enfin, sillonner les galeries du mussé naturel. Des guides, souvent de jeunes universitaires recrutés spécialement pour la tâche, accompagnent les visiteurs tout en apportant inlassablement des réponses aux interrogations des uns et à la curiosité des autres. Les yeux écarquillés sous l'effet du clair-obscur que produisent les lampes suspendues aux stalagmites, les visiteurs admirent le spectacle et s'attardent sur chaque halte que le guide marque. On fait une demi-heure pour finir sa visite. Melissa, la trentaine bouclée, avoue qu'elle réalisera son vœu en visitant la grotte dont ses parents ne cessent de lui parler. « Je viens pour la première fois à Béjaïa dont mes parents sont natifs. Ma visite ici à Aokas se veut un pèlerinage pour voir la grotte que tout le monde loue », avoue cette émigrée établie en France. Ahmed, enseignant de son état, attend son tour en survolant un journal. « J'ai déjà visité la grotte. Cette fois-ci, c'est rien que pour le plaisir des mes enfants », nous a-t-il dit. A l'intérieur de la cavité, la température ambiante ne devrait pas franchir les 17°. Pendant que notre guide effectue sa dernière halte, un autre s'affaire à accompagner un groupe d'une vingtaine d'enfants scouts. Dans la foulée et le vacarme, les enfants assimilent les stalagmites et les stalactites à des formes tantôt d'homme, tantôt de femme, parfois à des espèces animales, quelquefois à des sortes végétales et à des objets. « Si vous voulez exaucer vos vœux, jetez des pièces de monnaie dans ce lac », recommande notre guide devant une petite nappe d'eau limpide. Du coup, certains visiteurs qui croient à ce « mythe » mettent la main à la poche. Les uns sortent, les autres rentrent, c'est à ce rythme que le tunnel du Cap, abritant la fameuse grotte, vit pendant la saison estivale. Au sortir du tunnel, la placette jouxtant le carrefour de la ville grouille de vacanciers. On y trouve surtout des boutiques qui proposent des produits artisanaux. Les cafétérias du coin et les salles de dégustation de glaces sont prises d'assaut par les familles qui s'y attablent jusqu'à une heure tardive. Un patrimoine communal La grotte est une propriété de la commune d'Aokas qui la gère. Les recettes collectées lui profitent également. L'électricité est ainsi à sa charge. « Vu les coupures fréquentes, nous oeuvrons pour acquérir un groupe électrogène pour y remédier », fait savoir le représentant de l'APC, M. Zidane, rencontré sur les lieux. Outre l'électricité, l'assemblée communale s'occupe également de l'entretien de la grotte. « C'est l'APC qui fait tout. Aucune institution de l'Etat ne met la main à la pâte, y compris la Direction de la Culture, pourtant censée apporter sa contribution », nous a-t-il déclaré. « Nous recrutons chaque année des universitaires pour assurer la fonction de guide touristique », indique notre interlocuteur. Azeddine est un de ces universitaires. « J'apprécie ce boulot. Je me contentedes 15 000 dinars que je perçois mensuellement, mais, il est souhaitable que cela soit à longueur de l'année », a-t-il confié.