Les deux factions de l'opposition zimbabwéenne ont refusé, hier, de participer à un gouvernement formé par le président Robert Mugabe, tant que les négociations sur un partage du pouvoir n'auront pas abouti. « Il est clair que s'il annonce un nouveau gouvernement, c'est une déclaration de guerre contre le peuple », a déclaré Nelson Chamisa, porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) dirigé par Morgan Tsvangirai. « Il pense qu'il nous met sous pression, quand il dit qu'il va former un gouvernement prochainement. Mais nous refusons toute participation à un gouvernement qui serait pour un profit personnel (...) Nous avons le temps de notre côté, nous avons le peuple avec nous », a-t-il ajouté. La faction dissidente du MDC, qui peut, avec ses dix députés, faire pencher la majorité au Parlement en faveur de M. Tsvangirai ou du président Mugabe, refuse également de prendre part à ce gouvernement, malgré une première entente avec le chef de l'Etat lors des négociations. « Nous attendons en fait la conclusion du dialogue et la formation d'un gouvernement de transition avec Mugabe et Tsvangirai », a indiqué le porte-parole de cette faction, Edwin Mushoriwa. Les négociations sur un partage du pouvoir, achoppant sur le contrôle de l'exécutif, ont été suspendues le 12 août dernier, malgré la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki, mandaté par la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). Ces pourparlers, destinés à sortir le pays de la crise née de la défaite historique du régime aux élections générales fin mars, devraient reprendre « probablement à la fin de la semaine », selon M. Mushoriwa. Pour la principale faction de l'opposition, « les négociations n'avancent pas et c'est pourquoi nous appelons le président Mbeki et la SADC à intervenir rapidement, car le pays glisse vers l'anarchie ». « M. Mugabe ne devrait pas imposer brutalement sa volonté. Il devrait attendre la conclusion du dialogue avec le MDC », a réclamé M. Chamisa. Le président Mugabe, réélu fin juin lors d'un scrutin contesté, a affirmé qu'un gouvernement allait « bientôt » être formé au Zimbabwe, selon le quotidien d'Etat The Herald. « Le MDC ne veut pas en faire partie apparemment », a ajouté le président, au lendemain d'une inauguration mouvementée du Parlement où il a été accueilli par les huées des élus de l'opposition. Les députés du MDC, mené par M. Tsvangirai, ont estimé que cette session inaugurale était « nulle et non avenue » parce qu'en violation de l'engagement des parties à négocier un partage du pouvoir.