Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (CEM-ANP), le général-major Ahmed Gaïd Salah, s'est rendu hier en visite officielle à Ankara. Le déplacement du successeur du général de corps d'armée Mohamed Lamari en Turquie intervient une année après la venue en Algérie de son homologue turc, le général d'armée Hilmi Ozkok. Il s'inscrit dans le cadre des relations de coopération militaire bilatérales et doit permettre aux deux parties d'« examiner les questions d'intérêt commun ». Depuis la conclusion par l'Algérie et la Turquie, en octobre 2003, d'un accord intergouvernemental de coopération militaire, les échanges entre les armées des deux pays se sont multipliés au point où les observateurs ont parlé d'une alliance algéro-turque. Autant dire, donc, que c'est en « allié stratégique » que le nouveau patron de l'armée algérienne s'entretiendra avec le général d'armée Hilmi Ozkok. Tenant compte du large spectre défini par cet accord de coopération (politique, technique et stratégique), signé à Ankara par le général de corps d'armée Mohamed Lamari et le général d'armée Hilmi Ozkok, il est à prévoir que les discussions entre les deux chefs militaires seront globalement focalisées sur les aspects inhérents à la mise en œuvre du partenariat militaire liant Alger et Istanbul. Un partenariat bilatéral conçu également de telle sorte à s'imbriquer dans le dispositif de l'OTAN en Méditerranée. L'accord de défense algéro-turc conclu l'année dernière a, rappelle-t-on, couronné deux années d'échange de missions d'experts entre les deux armées. Si la Turquie et l'Algérie ont attendu l'année 2003 pour sceller une alliance militaire, il est à signaler que les militaires des deux pays se connaissent depuis fort longtemps. Durant les années 1990, l'ANP avait acquis auprès d'Ankara des blindés pour renouveler et moderniser son parc. L'expertise d'Alger en matière de lutte antiterroriste a également beaucoup profité aux autorités turques. En ce sens, le rapprochement entre Alger et Istanbul a été perçu comme une aubaine par Washington qui reste encore à la recherche d'alliés sûrs dans la région capables de participer au renforcement de la sécurité en Méditerranée et de s'impliquer dans la lutte globale contre le terrorisme. En encourageant les deux pays à aller de l'avant dans leur coopération bilatérale, les Etats-Unis misent en réalité sur la possibilité que l'Algérie devienne, comme la Turquie, une pièce militaire maîtresse en Méditerranée. Cette perspective est d'ailleurs confortée par les propos tenus par le secrétaire général de l'Alliance atlantique lors de sa récente visite à Alger et les échanges réguliers entre le Commandement des forces armées américaines stationnées en Europe (EUCOM) et l'état-major de l'ANP.