En 2004, le volume des exportations algériennes vers la Turquie a atteint 900 millions de dollars Première visite d'un chef d'Etat algérien depuis l'indépendance, celle qu'effectue M.Abdelaziz Bouteflika en Turquie est importante à plus d'un titre. Elle vise, indique-t-on de sources diplomatiques, à «donner l'impulsion nécessaire» à tout ce qui a été entrepris depuis les visites en Algérie, de l'ancien Premier ministre turc, feu M.Turgut Ozal en 1985, et de celles des chefs d'Etat turcs, en 1988 et en 1999 en l'occurrence MM.Kenan Everen et Souleimane Demirel. Unis par l'histoire et la civilisation, l'Algérie et la Turquie sont aussi liées par la nouvelle donne géostratégique, imposée par la mondialisation. Sitôt arrivé dans la capitale turque, le chef de l'Etat s'est rendu au mausolée d'Atatürk à Anitkadir où il a signé le livre d'or. Outre le président turc, Bouteflika devait rencontrer également le président de la grande assemblée nationale de Turquie et le Premier ministre M.Recep Tayyip Erdogan. Aujourd'hui, le chef de l'Etat se rendra à la ville de Bursa pour une visite de la mosquée Mehmet Arab et assistera par la suite à l'inauguration d'une avenue au nom de l'Emir Abdelkader. Le chef de l'Etat prononcera, à Istanbul, une allocution devant la communauté algérienne établie en Turquie. Il se rendra également au musée de la marine, rencontrera les hommes d'affaires turcs et visitera le palais Topkapi. La coopération entre Alger et Ankara englobe le domaine sécuritaire depuis la signature en 2001 d'un procès-verbal de coopération en matière de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la toxicomanie. Après la signature en 2003 d'un accord intergouvernemental de coopération dans ce domaine, des échanges de visites de délégations militaires se sont multipliés entre les deux pays telle celle effectuée par le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général major Ahmed Gaïd Salah, à Ankara, en décembre dernier. La visite de M.Gaïd Salah intervient une année après la venue en Algérie de son homologue turc, le général d'armée Hilmi Ozkok. En outre, une vingtaine d'accords ont été signés entre les deux pays intéressant surtout les volets économiques et culturels dont le plus important est celui conclu entre la compagnie nationale Sonatrach et Batos (la société pétrolière turque). A cet égard, le secteur de l'énergie occupe une place prépondérante dans les échanges algéro-turcs puisque l'Algérie exporte vers la Turquie quatre milliards de mètres cubes/an de gaz naturel liquéfié (GNL), contrat qui porte sur une période de 20 ans, signé en 1995. La création du conseil d'affaires algéro-turc, en décembre 1992, est venue s'ajouter au cadre institutionnel qui régit la coopération entre les deux pays. En attendant l'aboutissement des négociations en cours pour la signature d'un accord de libre-échange, près de 120 entreprises turques sont déjà installées en Algérie depuis ces dix dernières années, dont la plupart représentent les secteurs du bâtiment et des travaux publics. En 2004, le volume des exportations algériennes vers la Turquie a atteint 900 millions de dollars alors que les importations se sont élevées à 650 millions. Les deux pays, outre la coopération sécuritaire et économique, sont aussi concernés par des questions communes, notamment celles inhérentes au conflit au Proche-Orient. Il est utile de relever que la visite d'Etat de trois jours entamées depuis hier à Ankara par le chef de l'Etat coincide avec la présence du président de l'autorité palestinienne à Ankara. D'ailleurs, ce pays a affirmé, hier, son soutien au dirigeant palestinien, à ses efforts pour réformer les institutions de l'Autorité palestinienne et au combat de son peuple pour se voir reconnaître le statut d'Etat. «La paix durable et la stabilité au Proche-Orient ne seront pas possibles tant que le peuple palestinien ne sera pas parvenu à avoir un Etat indépendant et la vie honorable, prospère et libre qu'il mérite», a déclaré le président du Parlement turc Bulent Arinc lors d'un déjeuner avec M.Abbas. Un principe que l'Algérie n'a cessé de défendre depuis des années.