« L'Algérie doit ratifier sans aucune réserve la convention portant élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes. » Cette sentence a été clamée haut et fort, hier, par les femmes qui ont participé à la journée d'information organisée au siège de l'APN, par le ministère délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de la Famille et de la Condition féminine. Cette rencontre a été organisée à l'occasion de la célébration du 56e anniversaire de la proclamation de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de l'adoption de la Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). Ce dernier texte adopté, mentionne-t-on, par l'Assemblée générale des Nations unies en décembre 1979 comporte les cadres général et juridique consacrant le principe de l'égalité des droits entre les femmes et les hommes. L'Algérie, rappelle-t-on, a ratifié plusieurs déclarations et conventions régionales et internationales en rapport avec les droits de l'homme, dont justement la CEDAW. Dans son intervention devant une assistance composée de députés, de sénatrices et de représentants de la société civile, Mme Djaâfar a mis l'accent sur la nécessité de mettre en place les mécanismes devant permettre à la femme algérienne de jouer pleinement son rôle dans la société et ce afin de construire une famille stable. De son côté, l'ex-sénatrice, Mme Zerdani, a insisté sur la mise en conformité de la législation interne avec les conventions internationales ratifiées. « L'Algérie a émis des réserves concernant certains articles. Toutefois, les autres points qu'elle a ratifiés doivent être appliqués à la lettre dans notre législation et il suffit d'une volonté politique qui a d'ailleurs été exprimée par le premier magistrat du pays à plusieurs occasions », dira l'intervenante qui a estimé que le combat des hommes et des femmes doit être permanent pour pouvoir légiférer. « Il n'y aura pas de changement substantiel dans l'élaboration des lois tant qu'on n'aura pas instauré le quota de 30% pour les femmes », a soutenu Mme Zerdani qui s'est élevée, en outre, contre l'article 9 de la convention relative à l'obtention de la nationalité. « A mon sens, un enfant né d'une mère algérienne doit avoir la nationalité algérienne. L'Algérie doit lever la réserve sur cet article », a-t-elle souligné. Prenant la parole, Mme Louiza Hanoune, député et porte-parole du PT, a critiqué vivement celles et ceux qui prônent le système des quotas pour les femmes. L'oratrice a également tenu à rappeler que le code de la famille a été adopté par les pouvoirs publics dans la clandestinité en 1981. Mme Bitat, qui présidait la rencontre, a confirmé les propos de la porte-parole du PT. Concernant la question des quotas, Mme Hanoune a rappelé, en outre, le refus de la femme algérienne du système des quotas. Celle-ci, a-t-elle dit, peut prouver par son travail et ses compétences qu'elle peut accéder aux postes clés et assumer pleinement ses responsabilités. « Nous exigeons la légalité entre l'homme et la femme devant les lois. Si la Constitution qui est la loi suprême du pays stipule qu'il n'y a pas d'inégalité entre les deux sexes, pourquoi un texte inférieur tel que le code de la famille surpasse la Constitution. A mon avis, il ne peut y avoir d'égalité sans l'abolition au préalable du code de la famille », a martelé l'intervenante. Illustrant ses dires par des « faits concrets », Mme Hanoune trouve ainsi honteux et scandaleux que 39 femmes habitant la région d'El Haïcha aient été sauvagement agressées (par un groupe de 32 jeunes) sans qu'aucune personne ait condamné l'agression. A l'occasion, Mme Hanoune a demandé au département de Nouara Djaâfar de se constituer partie civile pour défendre les victimes dont le procès a été encore une fois reporté. « Il n'est pas possible de considérer autrement une violation de l'intégrité physique que comme un crime », a soutenu la première responsable du PT. Mme Nouara Djaâfar a promis à la porte-parole du PT de peser de tout son poids pour faire passer le projet d'amendement du code de la famille. L'intervention de Louisa Hanoune concernant le scandale d'El Haïcha a reçu le soutien de Mme Bitat. Cette dernière a estimé que cette affaire n'honore pas les autorités. Par ailleurs, une représentante du RND a indiqué que l'accès des femmes aux postes décisionnels n'est pas un problème de lois discriminatoires, mais plus un problème de mentalité.