L'Algérie n'échappe pas au fléau de la violence à l'égard des femmes. En 2008, le nombre de femmes victimes de violence reçu par les services de police, était de 9000 victimes. Tel est le chiffre effarant avancé par Nouara Djaâfar, ministre déléguée de la Famille et de la Condition féminine à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes, organisée hier à Dar El Imam. Selon la ministre, l'enquête de prévalence de la violence contre le sexe féminin pilotée par son département en 2006, a fait ressortir que 31% de femmes ont subi des pressions psychologiques, 19% ont été victimes de violences verbales, 9.4% ont subi des violences physiques alors que 10.9% ont été victimes de violences sexuelles. Le taux est tout aussi alarmant en milieu de travail. En effet, 12% de femmes disent avoir été menacées verbalement au sein de leurs milieux professionnels alors que 1.6% ont été victimes de harcèlement sexuel. Cette enquête dévoile que c'est au sein de la famille que les femmes sont le plus fréquemment victimes de violence. 10% de femmes mariées ou fiancées subissent des violences physiques souvent par l'époux. 20% des femmes violentées sont insultées par leurs ex-maris alors que 5% d'entre elles continuent de subir des violences physiques de la part de leur ancien conjoint. Selon la ministre, l'égalité entre les sexes et la protection de la femme de toute forme de discrimination est un principe consacré dans la Constitution et le programme du gouvernement depuis 2007. « Cette action a vu la participation de plusieurs secteurs visant l'élaboration d'une politique de prévention et de prise en charge des victimes », a-t-elle précisé. Dans ce cadre, le département de Nouara Djaâfar a élaboré une stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes en vue de développer les droits de la personne par l'élimination de toutes formes de violences. Cette action s'inscrit dans le cadre du programme quinquennal 2007-2011 et vise au renforcement des capacités techniques et institutionnelles des différents partenaires. Le but étant, selon la même responsable, d'assurer la prévention et la prise en charge adéquate contre l'inhumanité. Parmi les travaux élaborés par le ministère, la mise en place en 2009 d'un système institutionnel d'information sur les violences à l'égard des femmes. Le programme en question a été réalisé en concertation entre le ministère en question, la Sûreté nationale, la Gendarmerie nationale et les associations. Il a pour objectif la mise en place d'une base de données afin d'uniformiser la définition de la violence et de coordonner son approche à même d'opérer des réformes juridiques relatives à la prise en charge des femmes victimes de violence. Présent à cette rencontre, Mamadou Mbaye, représentant du bureau des Nations unies en Algérie, a souligné qu'il est urgent de mettre l'accent sur ce phénomène. «L'engagement de l'Algérie dans la protection des femmes victimes de violences s'est traduit sur le terrain et est en parfaite cohérence avec le programme des Nations unies dont le souci majeur est d'aboutir à un processus de lutte contre la violence à l'égard des femmes considéré aujourd'hui comme phénomène de santé publique», a expliqué l'intervenant. Ses propos ont laissé entendre que la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes traduit la volonté d'assurer une réelle prévention envers les femmes à travers le renforcement des capacités techniques et institutionnelles dans le cadre de la campagne lancée par son institution sous le thème « Tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes» à l'horizon 2015. Pour sa part, Nourredine Benbrahem, le commandant des Scout musulmans algériens (SMA), a vivement salué la contribution de la femme dans la vie socioéconomique. « Pour lutter contre la discrimination, il est impératif de mener un travail de proximité et de sensibilisation au niveau des quartiers, des institutions publiques notamment les écoles et les universités», a-t-il dit. L'objectif, selon lui, est d'impliquer la société civile pour instaurer la culture de la paix et de l'égalité des chances entre hommes et femmes. Pour Kedad Nacéra, présidente de l'Office national de la promotion de la famille et de la femme, il faut réitérer les valeurs fondamentales en garantissant aux femmes leurs droits. «L'Algérie a indéniablement marqué son parcours par le développement de programmes et de projets relatifs à la lutte contre la violence à l'égard des femmes notamment à l'égard des enfants dans le souci d'améliorer la vie sociale et économique», a-t-elle précisé. Pour rappel, au niveau international, l'Algérie a ratifié l'ensemble des conventions relatives à la protection des droits humains.