La question relative à l'assainissement revient, chaque année, à l'occasion de la préparation des PCD. Cependant, il faut se rendre à l'évidence, qu'en dehors du calcul des distances, « en mètres linéaires » aime-t-on préciser, et des sommes faramineuses englouties, au fil des années, rien ne varie. L'essentiel étant d'éloigner les rejets, des agglomérations, sans se soucier de leur destination.Le programme d'« assainissement » au profit des villages, entamé dans les années 1970, on s'en souvient, consistait à relier les habitations à un « réseau » de quelques centaines de mètres de buses. Il suffisait au bonheur des villageois qui ne devaient plus s'embarrasser des traditionnelles fosses septiques, peu pratiques. L'embouchure décidée, en fonction du dénivelé, n'était pas à l'époque, une question, pour ainsi dire importante. Des vergers entiers furent noyés, au grand dam de leurs propriétaires. En ce temps-là, personne ne s'opposait « aux décisions de l'Etat », surtout que les rejets étaient limités, en quantité. Depuis, la démographie aidant, les eaux déversées deviennent de plus en plus importantes au point où le « débit » d'un réseau est comparable à celui d'un oued. Si en amont, les villageois sont satisfaits, en aval, par contre, les propriétaires de terrains pollués, ne cessent de se plaindre des désagréments ( odeurs, déchets, ravinement) que leur causent les eaux usées. Tous les rejets, sans études préalables, se déversent dans la nature, une fois sortis des agglomérations. Qu'ils proviennent des habitations, de l'hôpital ou d'ailleurs, les eaux, après avoir souillé les abords des agglomérations, atterrissent dans les oueds devenus des mares d'eaux stagnantes menaçant les personnes et leur environnement. Pire encore, ces rejets, à la faveur des crues d'hiver s'en vont suivre les méandres des rivières jusqu'à leur destination finale, le barrage de Taksebt, non sans avoir, sur tout le trajet, laissé quelques dépôts sur les berges avec toutes les conséquences que cela peut engendrer sur la faune et la flore. Il fut un temps, les poissons ou les anguilles de l'oued El Djemâa, pêchés du côté du pont, ont disparu depuis longtemps. Le long de la rivière, les bassins qui faisaient la joie des amateurs de plongeons, ne donnent plus envie de se baigner dans ces eaux noirâtres. On se contente d'inscrire « eau non potable » aux abords des puits et des sources polluées.