Les écoles algériennes s'apprêtent à recevoir, à compter de samedi prochain, plus de 8 millions d'élèves. Dans une réunion tenue hier au siège de son ministère avec les directeurs régionaux de l'éducation, le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, s'est voulu rassurant. Chemise blanche et sourire engageant pour l'occasion, il a souligné que ce sera « une rentrée pas comme les autres, car elle se caractérise par un renouveau de l'école primaire ». Il promet que le slogan de cette année sera « la qualité pédagogique ». Il reste néanmoins que les couacs se font déjà apercevoir. En raison des deux cohortes du nouveau et de l'ancien programmes qui accéderont cette année au collège, les établissements du moyen seront surchargés. Pour contenir ce « tsunami d'élèves » – selon le terme utilisé par M. Benbouzid –, le département de l'éducation devra réceptionner 383 CEM et 3670 classes seront élargies pour accueillir l'ensemble des élèves. Mais ces efforts ne seront, a priori, pas suffisants pour accueillir les 3 365 000 élèves du cycle moyen. « Oui, il y a bien une surcharge des collèges, mais c'est un problème conjoncturel. » « On ne peut pas construire des collèges qu'on fermera par la suite. Ce serait jeter l'argent par les fenêtres. A Tizi Ouzou, nous avons fermé les portes d'une vingtaine d'écoles primaires. Nous ne voulons pas reproduire les mêmes erreurs », plaide M. Benbouzid. Pour éviter une surcharge des lycées dans les années à venir, près de 500 établissements du secondaire sont déjà en cours de construction. Il est à souligner que le département de l'éducation a réceptionné pas moins de 3670 salles de classes du primaire. L'objectif est d'atteindre les 30 élèves par classe au primaire. En tout et pour tout, l'école algérienne recevra plus de 8 millions d'élèves. Le chiffre est en constante augmentation, il a fait un bond de 5% du nombre total d'élèves et 2% rien qu'au primaire. Cet afflux extraordinaire d'élèves est imputable, d'après le ministre de l'Education, au baby-boom de l'année 2002 ainsi que la qualité des réformes qui a fait qu'il y a moins de déperditions scolaires. La rareté des manuels scolaires fait partie du passé, si l'on en croit les propos du ministre de l'Education. « Nous sommes en train de cueillir les fruits de nos efforts. En plus des 40 millions de livres produits cette année, il y a déjà 18 millions de manuels en stock », a précisé M. Benbouzid. Le problème des livres tenait ses racines dans la mauvaise gestion. « Les intendants ont reçu des directives pour vendre tous les livres », a indiqué le ministre de l'Education sur un ton ferme. Sur le chapitre des erreurs contenues dans les manuels scolaires, le premier responsable du secteur a souligné que 151 titres ont été corrigés et des erratums ont été introduits dans les manuels en stock. Le livre scolaire sera gratuit pour plus de 3,8 millions d'élèves défavorisés ainsi que pour les élèves du préscolaire et ceux de la première année primaire. Pour cela, l'Etat a déboursé une enveloppe de 6,5 milliards de dinars. Allégement des programmes Le département de l'éducation nationale a procédé à la réduction du programme horaire des élèves du primaire. Les enfants profiteront ainsi de 3 heures de repos supplémentaire. En tout et pour tout, ils auront – quand même – 24 heures de cours par semaine. « Les jeudis seront libres pour les élèves, mais ce sera une journée de formation pour les maîtres d'école. Pendant que les élèves se reposent, les enseignants travaillent », précise M. Benbouzid. Avec un taux de 97% d'enfants scolarisés, nous avons atteint l'Italie dans ce domaine. Le nombre d'élèves inscrits dans le préscolaire est rapidement passé de 22% à 72%. Dans la ville de Aïn Témouchent, ce taux atteint les 90%. Il enjoint aux directeurs de l'éducation d'accorder aux élèves et à leurs parents leurs droits. « Le temps où les gens faisaient la danse du ventre et le populisme et plus est révolu », déclare-t-il. Et d'ajouter : « Je veux que les parents soient bien accueillis. On est en plein Ramadhan et les prix se sont envolés. Il faut être aux petits soins. » Le ministre de l'Education a également insisté sur l'enseignement de l'éducation civique à l'école. Il dit apprécier le sketch du « bâtiment de L'hadj Lakhdar », qui est, selon lui, un bon exemple pour la société. La télévision et l'école devraient, dit-il, travailler à inculquer des valeurs civiques.