Alors que les services de Sonelgaz ont assuré au début de la semaine que la situation allait se normaliser « à partir de mardi », voici que les coupures d'électricité ont continué dans les régions centre et est du pays durant la journée d'hier. Mardi, des quartiers entiers de la capitale étaient plongés dans le noir juste avant la rupture du jeûne. Les coupures ont persisté durant plusieurs heures. Hier encore, le centre d'Alger n'avait pas d'électricité. Cette situation a suscité la colère de la population. Après avoir avancé l'argument des conditions climatiques et de la chute de pylônes pour expliquer les pannes, la compagnie nationale de production, de commercialisation et distribution de l'électricité (Sonelgaz) a évoqué hier un incident qui a touché une des deux centrales électriques de Skikda.Un autre facteur aggravant puisque Sonelgaz explique les récentes coupures de courant par la panne qui a affecté justement la centrale de Skikda. Une panne, dit-on, sur le point d'être réglée. « La centrale vient d'être remise sur le réseau. Cette panne explique, en soi, les dernières coupures de courant de mardi soir dans le nord du pays », explique Mlle Manel Aït Mekidèche, assistante du PDG chargée des médias à Sonelgaz. Mais jusque-là, la direction de Sonelgaz refuse encore de parler de délestages. Cependant, des cadres de cette compagnie ont indiqué sous couvert de l'anonymat et même à visage découvert qu'il s'agit vraiment de délestages. Si Sonelgaz a recouru à ce genre de procédé cela veut tout simplement dire qu'elle ne produit pas suffisamment d'électricité. Interrogée sur les perturbations qu'a connues, par exemple, le réseau de distribution d'électricité dans certains quartiers de la capitale, notre interlocutrice argue que cela n'est pas dû à un quelconque problème du réseau de distribution de Sonelgaz. Pour elle, il s'agit plutôt d'un « problème qui touche le réseau local et qu'il suffit de saisir un électricien pour prendre en charge d'éventuelles pannes ». Affirmant que les travaux de réparation des pylônes endommagés suite aux mauvaises conditions climatiques ont pris fin mardi matin, Sonelgaz rassure les Algériens touchés par ces coupures intempestives que tout est rentré progressivement dans l'ordre mardi soir. Le groupe recommande aux citoyens de faire dans la prévoyance en « adoptant des gestes simples et citoyens » pour réduire la consommation en électricité. Par ailleurs, un ancien responsable de Sonelgaz qui a requis l'anonymat met les pieds dans le plat et affirme que les explications des responsables de Sonelgaz « ne tiennent pas la route ». Selon lui, il y a tout bonnement un manque de production en électricité. La raison pour laquelle, poursuit-il, le groupe Sonelgaz recourt au délestage. Il a rappelé que certains groupes dans les centrales électriques de Annaba et de Skikda sont à l'arrêt. Il faut dire que ces perturbations sur le réseau d'alimentation en électricité sont mal tombées. Très mal tombées ! De nombreuses wilayas du pays ont vécu un mardi-brasero. Le thermomètre a été pris de folie tandis que le sirocco a fait une véritable démonstration de force. Les températures ont allégrement flirté avec des pics inégalés. 44° à Hassi Messaoud, 42° à Tizou Ouzou et 40° à Alger. Ces délestages à tout bout de champ n'ont fait qu'empirer, en cette journée caniculaire, le calvaire de beaucoup d'Algériens, notamment des vieux et des enfants. Par ailleurs, durant toute la semaine, de nombreux citoyens sont sortis dans la rue, dans certaines localités, pour crier leur colère contre ces coupures récurrentes et prolongées du courant électrique. A cause de cela, des émeutes se sont produites un peu partout à travers le nord du pays. Au banc des accusés : Sonelgaz. Cette dernière semble être victime d'une politique de désinvestissement prônée par le gouvernement dans un secteur aussi sensible. Malgré l'ouverture totale du secteur de l'électricité à la concurrence et à l'investissement privé en 2002, les investisseurs étrangers sont à peine une poignée. La panacée se trouve, selon les responsables de Sonelgaz, dans la révision à la hausse des prix de l'électricité pour permettre le financement des grands investissements nécessaires dans la production électrique. M. Bouterfa n'a pas cessé de soutenir que la hausse des prix ne se fera pas avant 2012. Mais après ce qui vient de se passer, peut-on encore continuer à croire Sonelgaz sur parole ?